Amertume
Nous sommes l’un de l’autre,
– étoiles du silence! –
Je suis de toi,
– pouvoir sidéral! –
Et vous rêves! rêves!
Comme l’eau d’une fontaine,
nous sommes l’un de l’autre
– amertume! –
Chaque peuple,
chaque nation,
et chaque être dans son domaine, Seigneur,
tente de se vanter d’une chose, qui,
en bonne réalité, ne lui appartient pas.
Car Toi seul est le Dispensateur
de toutes choses ici-bas!
Celui-ci dira: « N’est-ce-pas moi, Muse,
qui ai donné cette belle page?! »
Et cet autre: « Ce merveilleux tableau,
n’est-il pas venu au monde que grâce à mon pinceau? »
« Cette pyramide… c’est moi qui l’est conçue.
Et cette statue… éternise mon génie! »
Ils sont « tous » génies, Seigneur,
et tous le veulent clamer au monde;
et c’est bien leur droit légitime.
Mais Seigneur, qui lève son regard contempler Tes étoiles?
Qui est-ce qui écoute le chant sourdre pour lui
des silences interplanétaires dont Tu es l’image?
N’es-Tu pas – le Dispensateur, –
Toi seul – des richesses de la Terre?!
Toi – qui donnes au poète l’art de former des vers
pour alléger sa tristesse?!
Et au peintre l’astuce des couleurs
et les jeux du pinceau avide de toile vide?!
Et cette fleur qui sourit, épanouie de couleurs vives,
sur la pelouse des printemps?!
Et la cascade qui s’évanouit dans la vallée?!
Et le torrent qui gronde et jaillit comme la foudre?!
– N’est-ce pas Ton oeuvre?! –
Ton oeuvre, ces Mystères qui organisent les Mondes?!
Et ce grain de sable qui donne et redonne
l’inlassable mélodie des vagues et de l’écume?!
Et cet horizon qui blanchit,
– n’est-il pas Ton sourire?! –
N’est-ce pas une goutte qui succombe de Ton calice,
ce crépuscule qui palpite comme une blessure?!
Ô Seigneur! qui jamais put donner vie
à l’argile et l’aile rapide aux oiseaux?!
Qui aurait pu inventer le roulement des saisons
et la délicatesse des fruits;
et cette incroyable faune
qui grouille en mille formes et formes nuancée?!
C’est Toi Seigneur, c’est Ton oeuvre,
ces Phénix de Temps, d’Espace, et d’Infini!
Et Tu laisses l’aveugle caboter dans son ignorance,
or qu’à la Vérité Tu dis: « Hâte-toi vers moi sans te lasser! »
Elle vient dans Tes jardins courtoiser les astres,
comme l’abeille butineuse s’en va sucer
le miel d’une fleur, puis d’une autre et encore d’une autre,
et sans fin nous revient plus généreuse.
Donne-moi, Seigneur, donne-moi!
la Musique, la Lyre, et la Chanson!
Donne-moi le Pétale, la Rose, et le Parfum!
Donne-moi le Courage, l’Amour, et la Justice!
Donne-moi le Bonheur, l’Extase, et l’Harmonie!
Donne-moi le Suc, l’Espoir, et le Désir!
Donne-moi tout!
Et je le donnerai pour un autre instant
à l’ombre de Ton Prophète Bien-Aimé!
Il est la route vers Toi!
Il est l’aile, le pardon et l’espace!
Il est l’impensable lac béni
qui reflète Ton image!
Il est l’aube de Tes paradis!
Il est Ton midi radieux!
Donne-moi pour racheter
un moment éternel à ses pieds!
Donne-moi, Seigneur, le pain et le vin de la vie!
Dahesh est mon seul bonheur infini!
Du jour et de la nuit,
il en est le soleil, la lune et les étoiles;
et la douceur de l’aube,
et la douleur des crépuscules.
Donne-moi, Seigneur, donne-moi,
mon chemin vers Lui!
Nous sommes l’un de l’autre,
– étoiles du silence! –
Je suis de toi,
– pouvoir sidéral! –
Et vous rêves! rêves!
Comme l’eau d’une fontaine,
nous sommes l’un de l’autre
– amertume! –
Ô Poésie!
Toi qui ne chantes que la vie et l’amour en l’homme,
allons retrouver l’aube,
au bout du long chemin,
retrouver l’aube au bout de la lutte!
Voici nos chants!
Voici notre sang!
Voici nos rêves, nos peines et nos diamants!
Dans mon rêve le plus profond
je te vis!
– Dahesh! –
Tu étais au-delà du Monde,
siégeant comme une vision de jaspe et de cornaline,
sur un Trône de diamants et d’émeraudes.
Tes Six Anges se tenaient trois à ta droite, et trois à ta gauche!
Un Séraphin de ton Armée céleste s’avança,
tenant une balance prête dans la main.
Quand tu lui fis signe,
il se pencha et cueillit le Monde,
comme un fruit mûr sur la branche du Temps;
et le posa sur un des plateaux éclatants de la balance.
Et puis il le pesa…
Hier, en passant près de ma demeure,
tu es venu t’asseoir à l’ombre de mes jardins.
Tu as mangé de mes fruits;
et dans le silence de ton coeur,
tu a béni mes arbres et mes rameaux.
Depuis ce jour mémorable,
j’ai tracé de nouvelles allées
parmi l’herbe tendre et les fleurs odorées.
Et ma tristesse me tourmente
– sans cesse –,
car en mon coeur quelque chose me dit,
qu’avant longtemps,
tu ne reviendras plus mêler ton ombre
aux ombrages que tu as bénis.
Tes traces sont encore partout vivantes;
aucun pas d’ami n’est venu les effacer.
Car parmi l’herbe verte et les feuillées fleuries,
j’ai emprunté de nouveaux chemins.
Et chaque matin je me lève avec l’aube,
et nettoie la poussière des étoiles,
qui tombe les effleurer;
et je prie le Ciel que tu reviennes,
en baisant, comme elle,
ô Dahesh!
ton passage qui m’a béni.
Demain je serai un peu de cendres
dans la main de la nuit!
Demain je serai un chant muet
au sein d’une corolle!
Mais Ton souffle ressuscitera ma joie,
et les abeilles messagères
butineront dessus ma fleur!
Copyright © 2009 Georges H. Chakkour – Tous droits réservés