Seigneur!
Tous les grands sont morts. Morts!
Et leurs grands monuments ont fondu dans le
temps,
comme ombre. Comme de l’ombre!
Quelque chose de stérile et d’impitoyable
ronge et rogne les oeuvres
et de l’homme et de l’ange!
Archives de la catégorie : Poème
Mon Bien-Aimé
Depuis ma plus tendre enfance,
le seul rêve qui me resta,
l’Ami, la Rose, ma Consolation et ma Chanson;
le seul espoir d’ambition qui survit dans mon
coeur
Les déshérités
C’est l’heure musicale où la Nature élève au Créateur sa chanson.
C’est l’heure ensorceleuse et divine
où l’Aurore et les Muses
vagabondent dans le ciel des rêves de la Pensée.
C’est l’heure vermeille et transparente
qui retouche et reprend de son pinceau magique
le grand tableau de la Raison.
L’ancre dorée du Bien-Aimé
Quand l’espoir vint mouiller-là son ancre dorée
en mes rivages,
toute la surprise du monde en moi oscilla,
comme soudain au spectacle charmant!
d’une averse de roses et de dahlias!
L’indifférent
Quand le « Devoir » me convoquera,
je laisserai mon père, et ma mère,
ma maison, et ma patrie;
et je volerai d’emblée
ainsi qu’une flèche en feu par sa cible happée.
Pour le Devoir je n’irai pas par quatre chemins!
Amertume
Nous sommes l’un de l’autre,
– étoiles du silence! –
Je suis de toi,
– pouvoir sidéral! –
Et vous rêves! rêves!
Comme l’eau d’une fontaine,
nous sommes l’un de l’autre
– amertume! –
C’était hier
Hier, en passant près de ma demeure,
tu es venu t’asseoir à l’ombre de mes jardins.
Tu as mangé de mes fruits;
et dans le silence de ton coeur,
tu a béni mes arbres et mes rameaux.
Depuis ce jour mémorable,
j’ai tracé de nouvelles allées
parmi l’herbe tendre et les fleurs odorées.
Et ma tristesse me tourmente
– sans cesse –,
car en mon coeur quelque chose me dit,
qu’avant longtemps,
tu ne reviendras plus mêler ton ombre
aux ombrages que tu as bénis.
Tes traces sont encore partout vivantes;
aucun pas d’ami n’est venu les effacer.
Car parmi l’herbe verte et les feuillées fleuries,
j’ai emprunté de nouveaux chemins.
Et chaque matin je me lève avec l’aube,
et nettoie la poussière des étoiles,
qui tombe les effleurer;
et je prie le Ciel que tu reviennes,
en baisant, comme elle,
ô Dahesh!
ton passage qui m’a béni.
L’Étoile du Berger
Seigneur!
C’est bien loin l’Étoile du Matin!
Quand j’ai soif de son onde absolue,
je contourne les lacs accueillants,
là où miroite, légère,
son image hyaline,
avec des reflets doucement pâles
et lamés.
Les Coquelicots
Ô mes coquelicots,
mes désirs, mes joies!
Je suis en vous,
je suis votre champ,
je suis votre rouge et noir silence!
Et votre simple et indifférente beauté,
nue et farouche,
comme une goutte de sang,
qui oublie…
On doit lutter pour sa cause
Rebelle-toi mon coeur!
Rebelle-toi!
Contre la foi de ce siècle impie et irréligieux!
Rebelle-toi contre les religions du méchant,
et le mensonge des savants!
Rebelle-toi contre la nuit qui aveugle
et les soleils qui éblouissent!
Rebelle-toi mon coeur!
Rebelle-toi!
