Amertume
Nous sommes l’un de l’autre,
– étoiles du silence! –
Je suis de toi,
– pouvoir sidéral! –
Et vous rêves! rêves!
Comme l’eau d’une fontaine,
nous sommes l’un de l’autre
– amertume! –
Seigneur!
Tous les grands sont morts. Morts!
Et leurs grands monuments ont fondu dans le
temps,
comme ombre. Comme de l’ombre!
Quelque chose de stérile et d’impitoyable
ronge et rogne les oeuvres
et de l’homme et de l’ange!
Palais? Temples? Royaumes?
Sépulcres? Olympes?
Tout passera comme après un moment!
Il est d’autres pourtant qui demeurent,
et qui brisent l’échine des lois!
Des choses qui plient le genoux de la vie
comme le néant l’orgueil des rois!
Des choses simples qui jaillissent du réel,
et sustentent de légendes immortelles l’Âme des
Cieux.
Des choses simples et farouches qui,
par leur simplicité indomptable même,
ont ravi le coeur des étoiles
plus que la gloire de César, d’Alexandre ou
d’Annibal!
Il est un Mot!
Un Mot que prononce le Poète Souverain,
et qui perce le dôme des dieux
et fait vibrer de joie muette ses piliers!
Un Mot qui se lève et tombe comme un glaive,
pour défendre les opprimés de la nuit!
Un Mot qui bannit de nos demeures
les spectres de l’angoisse et du désarroi!
Un Mot où bouillonnent tant de Peuples,
et qui semble être la Pensée et la Fleur,
et le Paradigme de tant d’Univers!
Un Mot qui ondule et ondoie
telle une envolée de Séraphins sous la Coupole
Suprême!
Un Mot qui blesse et obnubile de sa clarté les
soleils!
Un Mot doux comme la lumière du diamant,
et dur comme la volonté du firmament!
Un Mot qui rend suave la vie,
comme sur les lèvres de la rose
la rosée des aurores paradisiaques!
Un Mot!
Tout-Puissant!
Qui abrège l’Absolu Divin!
Un Mot…
Dahesh!
Et ce Mot seul survivra,
car Seigneur,
le Poète qui le prononce,
c’est Toi!!!
Nous sommes l’un de l’autre,
– étoiles du silence! –
Je suis de toi,
– pouvoir sidéral! –
Et vous rêves! rêves!
Comme l’eau d’une fontaine,
nous sommes l’un de l’autre
– amertume! –
Ô Poésie!
Toi qui ne chantes que la vie et l’amour en l’homme,
allons retrouver l’aube,
au bout du long chemin,
retrouver l’aube au bout de la lutte!
Voici nos chants!
Voici notre sang!
Voici nos rêves, nos peines et nos diamants!
Dans mon rêve le plus profond
je te vis!
– Dahesh! –
Tu étais au-delà du Monde,
siégeant comme une vision de jaspe et de cornaline,
sur un Trône de diamants et d’émeraudes.
Tes Six Anges se tenaient trois à ta droite, et trois à ta gauche!
Un Séraphin de ton Armée céleste s’avança,
tenant une balance prête dans la main.
Quand tu lui fis signe,
il se pencha et cueillit le Monde,
comme un fruit mûr sur la branche du Temps;
et le posa sur un des plateaux éclatants de la balance.
Et puis il le pesa…
Hier, en passant près de ma demeure,
tu es venu t’asseoir à l’ombre de mes jardins.
Tu as mangé de mes fruits;
et dans le silence de ton coeur,
tu a béni mes arbres et mes rameaux.
Depuis ce jour mémorable,
j’ai tracé de nouvelles allées
parmi l’herbe tendre et les fleurs odorées.
Et ma tristesse me tourmente
– sans cesse –,
car en mon coeur quelque chose me dit,
qu’avant longtemps,
tu ne reviendras plus mêler ton ombre
aux ombrages que tu as bénis.
Tes traces sont encore partout vivantes;
aucun pas d’ami n’est venu les effacer.
Car parmi l’herbe verte et les feuillées fleuries,
j’ai emprunté de nouveaux chemins.
Et chaque matin je me lève avec l’aube,
et nettoie la poussière des étoiles,
qui tombe les effleurer;
et je prie le Ciel que tu reviennes,
en baisant, comme elle,
ô Dahesh!
ton passage qui m’a béni.
Demain je serai un peu de cendres
dans la main de la nuit!
Demain je serai un chant muet
au sein d’une corolle!
Mais Ton souffle ressuscitera ma joie,
et les abeilles messagères
butineront dessus ma fleur!
Copyright © 2009 Georges H. Chakkour – Tous droits réservés