Beauté de l’expression Et magie des mots – Part I –

Expression : Avoir l’esprit d’escalier (ou l’esprit de l’escalier)

 

Avoir l’esprit d’escalier… c’est-à-dire ne trouver la bonne réponse (ou la réplique qu’il fallait au cours d’un débat ou une conversation) que trop tard… quand le sujet est pratiquement clos et que les hôtes se sont séparés. Ainsi le voyageur qui retrouve son billet un peu trop tard au fond de sa poche (et dans cet exemple, « sa langue » ou « la bonne repartie ») alors que son train a déjà quitté la gare. Ce qui peut arriver à tout le monde, même à des politiciens rompus aux voltiges verbales les plus osées (malgré leur filet de sûreté qu’on apelle « la langue de bois ») quand l’esprit d’à-propos nous fausse compagnie. On peut dire dans ce sens (soyons inventifs que diable) : Avoir l’esprit (ou la caboche) en retard d’une bonne semelle.

 

« Cette nuit-là, je me retournais plusieurs fois dans mon lit en maudissant ce que ma grand-mère aurait appelé mon esprit d’escalier. C’est ainsi, m’avait-elle appris, que l’on qualifiait l’esprit des personnes toujours en retard d’une bonne réplique. Ce n’est qu’en bas de l’escalier, lorsqu’elles quittaient le salon de leur hôte, qu’elles se disaient : « Ah zut ! J’aurais dû répondre ceci ou dira cela ». Ma grand-mère connaissait beaucoup d’expressions de ce genre. Elle en était très fière parce qu’elles sont la marque d’une grande intimité avec une langue. Ma grand-mère était venue de Pologne en France. Avoir l’esprit d’escalier fait partie des expressions qui m’ont plues car l’image est assez belle et, surtout, je comprends très bien les gens dont elle affirme les regrets. Je suis de la même race qu’eux, celle des « j’aurais dû ». J’aurai dû dire ça comme j’aurai dû faire ça. Nous laissons toujours passer les bonnes occasions et nous prions afin d’avoir la chance, au moins une fois, de revenir en arrière dans le temps. C’est pourquoi, le lendemain, je délaissais à nouveau mes recherches d’emploi pour m’occuper de retrouver Louise. Les pistes étaient minces… » (Thierry François)

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Mots, expressions et tournures à propos de rat

 

« Les petits rats de l’opéra » (c’est-à-dire les petites ballerines). « Un rat de bibliothèque » (grand lecteur… qui lit tout ce qui lui tombe sous la main). « Un rat d’église » (un bigot, comme on dit « une grenouille de bénitier » pour celui qui manifeste une dévotion outrée). « Un rat d’hôtel » (chapardeur, qui fait des petits larcins dans les hôtels où il descend). « Un rat de laboratoire » (un cobaye). « Un rat de prison » (avocat qui ratisse les prisons à la recherche d’une cause à défendre). « Être gueux comme un rat d’église » (être très pauvre, on dit également « être pauvre comme un rat d’église » ou « être pauvre comme Job », expression qui tire son origine de la Bible et qui veut dire se trouver dans un dénuement extrême). Être fait comme un rat… À bon chat, bon rat… « Avoir des rats dans la tête » (avoir des caprices, des idées bizarres). Quand les rats quittent le navire… « S’ennuyer comme un rat mort… » « Être malin comme un rat… » « Être comme un rat en paille » ou  « se sentir comme un rat dans son fromage » : Être très à son aise dans une situation, un endroit et y trouver de quoi pourvoir abondamment à ses besoins. « Il est d’un rat ! » ou « c’est un rat ! » (être très radin). « Un rat de cave » : Anciennement, bougie mince et longue, enroulée sur elle-même, dont on se servait pour éclairer une cave. Rat brun (ou rat des villes), rat noir (ou rat des champs), rat domestique (un animal de compagnie de plus en plus en vogue dans les foyers).

 

Sur le mot Calepin

 

Un calepin (anciennement recueil de notes ou dictionnaire… du nom d’un auteur de vocabulaire polyglotte, Ambroise Calepin) est un carnet de poche sur lequel on inscrit des notes, des renseignements, des réflexions ou des impressions que l’on veut garder en vue d’un usage personnel. Ironiquement dit : « Cela n’était pas dans son calepin », signifie qu’il ne s’attendait pas à cela. Employé sur un ton sérieux : « Ces mots ne font pas partie de mon calepin » veut dire qu’ils ne font pas partie de mon vocabulaire de tous les jours, ou que les mots qu’on me prête sont faux ou déformés. Et quand on vous lance ou que vous dite à quelqu’un : « Mettez cela sur votre calepin » ou « Je mettrai cela sur mon calepin », cela veut dire : « Je m’en souviendrai, cela me servira de leçon. »

 

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Fresquiste : Peintre de fresques.

 

Avoir l’air tombé de la lune (ou du ciel) : Être stupéfait, avoir l’air hébété par ce qu’on voit (trouver une chose bizarre ou paraître soi-même bizarre comme si l’on venait d’une autre planète). Ou simplement éprouver une vive surprise : « Il avait l’air tombé de la lune en nous voyant arriver ensemble au bureau » (il ne s’attendait pas du tout à nous voir ensemble). Ne pas confondre avec Être dans la lune (être distrait, être perdu dans ses pensées). Rappel d’autres expressions « lunaires » ou « lunatiques » : Demander la lune : Demander l’impossible, chercher ou exiger de quelqu’un l’impossible (on pourra dans ce sens dire, par analogie ou jeu de mots : « À la lune nul n’est tenu »). « Un prometteur de lune » se dit de quelqu’un qui promet des choses qu’il ne pourra pas tenir, ou impossible à tenir. Décrocher la lune : Réussir un chef-d’œuvre, obetenir une réussite absolue ou obtenir quelque chose que l’on pensait impossible. Faire un trou (son trou ou son petit trou) à la lune : Disparaître sans régler ses créanciers après une banqueroute, s’enfuir sans payer ses dettes. Faire un trou à la lune avec quelqu’un : S’enfuir avec lui.

Minoratif : Qui déprécie, diminue l’importance de quelque chose.

Minorer : Diminuer la valeur ou l’importance de quelque chose, baisser le prix d’un article mis en vente.

 

Faire preuve de pondération : Calme, équilibre et mesure dans les jugements.

 

Mener un train de vie au-dessus de ses moyens : Être dépensier, mener une vie de prince alors que les moyens nous font défaut. « Elle mène un train de vie plus grand que ses moyens » (au-dessus de ses moyens).

 

Être dans le grain : Être dans une situation florissante, avoir le vent en poupe.

 

Ajouter (mettre, fourrer) son grain de sel : Donner son avis sur une chose (ou se mêler à une conversation) sans y être invité. S’immiscer, souvent mal à propos, dans une affaire ou une conversation qui ne nous regarde pas. Négative et ordinairement péjorative : « Ajouter son grain de sel à la rumeur, à la zizanie, au désordre, à la corruption… » l’expression peut aussi s’employer dans un sens positif : « Son avis ajouta le grain de sel qu’il fallait pour dénouer la crise… » « L’annonce de leur fiançailles ajouta son grain de sel à l’ambiance… » Un chef étoilé, venu de France à Pékin, et qui ajoute son grain de sel à l’art culinaire chinois… Bref, dans cette belle langue, si souple, si riche qu’est le français, tout est finalement dans l’art d’assaisonner sa phrase.

 

Barrir : Pousser un barrissement en parlant de l’éléphant (on dit également un « barrit »). Avoir une mémoire d’éléphant… Être comme un éléphant dans un magasin de porcelaine… Faire d’une mouche un éléphant (faire toute une histoire pour pas grand-chose ou comme disent les Arabes « Faire d’un grain une colline ». Expression équivalente de « En faire tout un fromage »).

En moins de deux : Locution qui signifie « plus rapidement que si l’on compte jusqu’à deux » (probablement par abréviation de « en moins de deux secondes »).

En moin de temps qu’il n’en faut pour le dire (le conter, l’écrire, vous le raconter, vous le décrire) : Très vite.

Faire une chose à la six-quatre-deux : À la hâte. « Il a fait son lit à la six-quatre-deux. »

Être habillé à la six-quatre-deux : Sans soin et avec négligence.

Ne faire ni une ni deux : S’emploie à propos d’une décision qu’on prend rapidement, sans hésiter, mais aussi sans balancer, sans état d’âme.

 

Prendre une décision, tenir un discours au pied levé : Sans nulle préparation.

Vivre sur un grand pied : Vivre, dépenser largement, en grand seigneur (mener une vie de prince). 

 

Faire une chose en deux temps trois mouvements : Terme d’escrime au départ, qui donne une idée d’efficacité et de souplesse. « Faire trois mouvements en deux temps » est, en effet, « une façon de gagner du temps sur le temps. »

 

Un jean-foutre (mot invariable) ou un travail de jean-foutre (fait par des jean-foutre) : Un incapable (se dit de quelqu’un qu’on méprise), ouvrage très mal fait ou accompli à la hâte par un incapable. « Ce n’est pas un travail de jean-foutre… » s’emploie populairement pour exprimer que c’est un travail bien fait.

 

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Mots, tournures et expression à propos du vin (lexique, humour et jeu de mots)

 

Œno : Du grec Oinos « Vin ».

Un Œnophore : Grand vase où les anciens mettaient du vin. Officier qui avait soin du vin. (Échanson : Figure olympienne qui verse à boire aux dieux, personnage chargé de verser à boire à un roi ou à un seigneur. Se dit plaisamment aussi de toute personne qui, lors d’une fête, une réunion, sert à boire aux invités. Sommelier : Dans les grandes maisons ou une communauté, officier qui s’occupe du linge de table, de la vaisselle, de la nourriture et des vins ; et, dans un restaurant, personne qui a la charge de la cave et des vins.)

Œnolisme (masc.) : Forme d’alcoolisme due à l’abus du vin.

Acide œnanthique, éther œnanthique : Composés auxquels certains vins doivent leur bouquet.

Œnologie (fém.) : Étude des techniques qui entrent dans la fabrication et la conservation des vins. Traité sur le vin, ou art de faire le vin.

Œnologique (adj.) : Relatif à la fabrication du vin. « Traité œnologique ».
Un Œnologue (ou Œnologiste) : Celui qui écrit sur le vin, ou l’art de fabriquer le vin.

Œnomancie (fém.) : Divination qui se faisait avec le vin destiné aux libations.

Une personne œnophile : Qui aime le vin. Une société œnophile : Société qui fait le commerce du vin.

 

Vignoble : Plantation de vignes, lieu où l’on cultive la vigne. On désigne aussi par ce mot l’ensemble des vignes d’une région (le vignoble bordelais). Pays, région de vignobles. Adj : « Un petit bourg vignoble. » (Balzac)

Vignerons : Ceux qui cultivent la vigne et fabriquent le vin.

Viticulture : Culture de la vigne, ensemble des techniques permettant la vigne afin d’en tirer le vin.

Viticulteurs : Qui cultivent la vigne pour la production du vin. 

 

Quelques citations : « Le projet de contournement de Bordeaux suscite une très vive inquiétude chez les viticulteurs Margalais qui redoutent une catastrophique pollution. Les bouteilles qui naissent de ce terroir s’éparpillent dans le monde entier et du monde entier viennent des visiteurs, véritables amateurs (œnophiles) ou simples curieux. Alors, quand les propriétaires de ce vignoble roi découvrent, au mois de mai, les différents projets autoroutiers destinés à contourner la ville de Bordeaux, ils n’en croient pas leurs yeux. Des tracés bleus sur une carte se contorsionnent au nord de la ville. Deux d’entre eux (numéro deux et trois) hachurent le vignoble, un autre (numéro quatre) l’entoure tel un boulevard périphérique. » (Le Figaro, Mariel Court) « Je le complimente sur sa soupe. Il est très content. Il m’offre du tabac et nous fumons une bonne bouffarde, en buvant un verre de vin. C’est la chose que j’aime le plus. Je suis content d’être avec ce petit gars. » (Jean Giono)

 

Un pinardier : Navire-citerne servant à transporter du vin. Marchand de vin en gros. On dit d’un homme se trouvant en état d’ivesse constante que « c’est un pinardier plein à raz-bord ».

Un pinard : Vin ordinaire et, par extension, toute sorte de vin.

Une piquette : Vin aigrelet, de mauvaise qualité.

Une bibine : Boisson de mauvaise qualité ou qui n’est pas fraîche. Surtout mauvaise bière.

Mettre, élever, acheter du vin en fût, en barrique.

Sentir le fût (en parlant du vin) : Vin qui a un mauvais goût contracté du tonneau.

Riquiqui (ou encore Rikiki) : Eau-de-vie, généralement de qualité médiocre (on dit aussi « Piquette »). « Voyant une ombre avancer hors de la porte, ils tendirent un gobelet et crièrent au camarade de venir boire un coup de riquiqui. » (Henri Pourrat, Gaspard des Montagnes) Petit, mesquin médiocre, étriqué. « Avoir l’air riquiqui » : être ridicculement habillé, ou n’être pas habillé à la dernière mode.

 

Rappelons que les trois religions monothéistes donnent au vin une place d’honneur…

 

« L’Ancien Testament propose le vin la première fois à Noé pour se remettre des émotions du déluge ; le Christ transforme l’eau en un vin délicieux et nous laisse le vin nouveau ; et, six siècles plus tard, le Prophète Mahomet voit des fleuves de vin au Paradis d’Allah : Il s’y trouvera des ruisseaux d’un lait au goût inaltérable, des ruisseaux de vin, volupté pour les buveurs, des ruisseaux de miel clarifié… (Coran, Sourate 47, verset 16) Le vin coule au Ciel et sur la terre ; dans la Loi, les psaumes (80/9) et les Prophètes (Isaïe : 5), la vigne symbolise le peuple d’Israël, choisi, planté, soigné, choyé par Dieu ; et le Seigneur, maître de la vigne, se réjouit quand le vin est abondant (Matthieu : 21-37 et Jean : 15/1). » (Paru dans le Sénevé… Pour lire la suite de l’article)


Proverbes et dictons sur le vin

« Le bon vin réjouit le cœur de l’homme. » (La Bible) 
« Il y a davantage de philosophie et de sagesse dans une bouteille de vin que dans tous les livres. » (Louis Pasteur)
« Le vin est comme la vie pour l’homme, s’il le boit avec modération. » (La Bible) 
« Une barrique de vin peut réaliser plus de miracles qu’une église de saints. » (Proverbe italien) 
« Après la soupe, un coup de vin vole un écu au médecin. » (On dit aussi… évite, ôte une visite au médecin.) 
« Vieille viande fait bonne soupe. Petit vin fait grand bien. » (Comme on dit également « Petite aide fait grand bien ».) 
« Lait sur vin est venin, vin sur lait est santé. » 
« Mettre du vin dans sa soupe et non de la soupe dans son vin. » (Se dit à quelqu’un qui fait tout de travers.) 
« Blanc sur rouge, rien ne bouge. Rouge sur blanc, tout fout le camp. » 
« Le vin est ce qu’il y a de plus civilisé dans le monde. » (François Rabelais) 
« Le vin c’est le lait des vieillards. » 
« Il y a plus de vieux ivrognes que de vieux médecins. » 
« Chaque vin a sa lie, chaque homme son défaut. » (Dicton breton) 
« La vérité est dans le vin. » (Proverbe latin : « In vino veritas ») 
« L’homme ivre s’entretien avec les Dieux. » (Proverbe Chinois) 
« Or, ami, vin, serviteur, le plus vieux est le meilleur. » 
« Quand un verre est plein on le vide et quand il est vide on le plaint. » (Dicton breton) 
« Qui a bu boira. » 
« Si le mari boit, la moitié de la maison brûle. Si la femme boit, toute la maison est en feu. » (Dicton Russe)

 

Mots, locutions et expressions liés au vin

 

Il y a loin de la coupe aux lèvres… (La vie est pleine de surprises… Rien n’est jamais acquis même si cela paraît évident.)

Le bon vin se passe d’éloge.

« À bon vin point d’enseigne. » (Toute publicité est vaine pour un excellent produit : sa qualité parle d’elle-même.)

Serment, promesse, paroles d’ivrogne : Choses qui ne seront jamais tenues ou sur lesquelles il ne faut pas compter.

Fumet d’un gigot, d’un mets, d’un plat, d’un bordeaux (ou la senteur d’un mets, d’un plat, le bouquet d’un vin du pays). « Je sens le fumet d’un bon poulet sur le feu. » L’arôme, la robe, le bouquet d’un vin. « Pour conserver tout l’arôme d’un chocolat fondu… » « On reconnaît le bon vin à son arôme (à son bouquet). » « L’arôme d’un champignon, d’un fromage, d’un cigare… » « Les senteurs d’un parfum (les notes, les odeurs) ». « Les senteurs d’un marché aux épices (les notes, les odeurs, les arômes), d’un gâteau de Noël, d’un été en Provence. » « On y respirait une odeur fraîche comme la senteur d’un jardin après la pluie. » « Je sentis sur mon visage une bouffée de fraîcheur parfumée… » (Romain Gary)

 

Être pris de pompon : Être pris de vin, être éméché. 

Il a son pompon : Il est un peu ivre. Ne pas confondre avec « Avoir le pompon » (« Quelqu’un a le pompon » ou « tient le pompon » ou « le pompon revient à untel » : Il l’emporte sur les autres… la victoire lui revient) et « C’est le pompon ! » (C’est le bouquet ! C’est le comble ! « Alors ça, c’est le pompon ! » : Alors celle-la, c’est la meilleure !)

 

Être soûl comme une grive : Être complètement soûl (locution qui vient du fait que les grives, au temps des vendanges, ont l’habitude de se gorger de raisin).

 

Faire rubis sur l’ongle : Viser si bien son verre qu’il n’y reste qu’une seule goutte de vin qui tiendrait sur l’ongle sans s’écouler. « Il vida son verre d’un coup, rubis sur l’ongle. » (On dit également « Payer rubis sur l’ongle », pour dire payer très exactement ce qu’on doit, jusqu’au dernier sou et séance tenante.)

 

Tinette : Vase pour le vin. Tonnelet pour le transport du beurre fondu. Baquet servant au transport des matières fécales. « Une corvée de tinette. »

 

« Grand cru classé de Bordeaux ou de la piquette, qu’importe le vin, c’est la compagnie qui compte. »

 

« C’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes (que l’on fait les meilleurs plats). Ce sont les vieilles vignes qui donnent les meilleurs vins. »

 

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Palliatif ou expédient 
: Qui ne résoud que partiellement un problème et ne ralentit que momentanément ses effets négatifs. « Des palliatifs qui ne sauront qu’ajourner la grande crise. »
Succédané : Remplacement, substitut partiel ou très proche d’une chose. En parlant de médicament, qui peut se substituer à un autre parce qu’il produit des effets quasi analogues. « La pomme de terre est probablement le meilleur succédané du pain. »  

 

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Un acronyme 
: Sigle prononcé comme un mot ordinaire (par exemple : Onu, Moma).

Une anagramme : Mot obtenu en changeant l’ordre des lettres d’un autre mot (par exemple : Marie, Aimer, Maire).

Un palindrome : Suite de signes graphiques (lettres, chiffres ou symboles) qui peut se lire de gauche à droite et de droite à gauche en gardant le même sens. (Pour les mots français, on ne tient généralement pas compte des accents. Lorsque le palindrome est constitué de plusieurs mots, le découpage en mots peut varier selon le sens de la lecture.) Un palindrome peut se composer d’un seul mot, comme « ressasser ». Ce peut être ou une courte phrase, comme « engage le jeu que je le gagne », ou un texte plus long…

Un anacyclique : Mot ou phrase que l’on peut lire dans les deux sens. Mais alors contrairement à un palindrome, un anacyclique a une signification différente selon le sens de la lecture. (Exemples « retour » et « router », « saper » et « repas », « l’ami naturel » et « le rut animal ».)

 

Palin : Élément du grec palin (« de nouveau ») dans les termes comme palingénésiepalindrome par exemple, terme qu’on vient de voir, ou palinodie (Désaveu… Anciennement, Poème dans lequel on rétractait ce qu’on avait dit dans un poème précédent… voir quelques lignes plus bas « Chanter la palinodie »), etc.

Génésie : Élément du grec genesis (« genèse », « naissance »).

 

D’où le terme… Palingénésie (fém.) : Du grec παλιγγενισία (palingénésïa) « action de renaître ».

 

Palingénésie : Retour à la vierenaissance qui est en même temps une régénération. Chez les Stoïciens : Retour périodique éternel des mêmes éléments et circonstances que de par le passé (comme si l’histoire se répétait sans cesse avec les mêmes élémements et circonstances qui lui ont donné naissance à l’origine, dans un mouvement de naissance, de mort et de renaissance… infini). « On croit généralement que l’Égypte est par excellence le pays de la palingénésie et de la métempsychose. Il n’en est rien. » (Maurice Maeterlinck). « La palingénésie, le retour périodique, la renaissance ou la résurrection après une mort apparente, devant avoir lieu pour l’univers tout entier, l’hypothèse physique qui expliquait cette mort et cette résurrection par le feu était une des explications qui devaient se produire, et ce fut celle qui fut le plus généralement adoptée. » (Pierre Leroux) Par analogie, transformation profonde et salutaire d’un individu ou d’un groupe d’individus qui s’apparente à une totale renaissance. « Je tombai malade ; je voyageai, je rencontrai Ménalque, et ma convalescence merveilleuse fut une palingénésie. Je renaquis avec un être neuf, sous un ciel neuf et au milieu de choses complètement renouvelées. » (André Gide). Doctrine selon laquelle l’histoire des peuples est la reproduction d’une même suite de révolutions dont la succession tend à réaliser une fin générale et providentielle de l’humanité… [Pour en savoir plus…]

 

Un palimpseste : Parchemin recyclé si on peut dire, manuscrit dont on a effacé la première écriture pour pouvoir y écrire un nouveau texte.


Paronyme 
(masc.) : Se dit des mots qui présentent une analogie graphique (et qui sont presque homonymes) mais qui ont des sens différents (Exemple : Percepteur et précepteur… Éminent et imminent… Conjecture et conjoncture). « Ne vous laissez par tromper par cette paronymie : Ils se ressemblent mais sont différents ».

Homonyme (masc.) : Se dit des mots qui se prononcent de manière identique (Exemple : Maire, mer, mère) ou ont une graphie identique (Exemple : Canon, canon) sans avoir le même sens.

Patronyme (masc.) : Nom de famille. « Il appelait ses partenaires, sans précautions oratoires, par leur patronyme, tout sec. »

 

Acrophobie : Peur des lieus élevés souvent accompagnée de vertige. (« J’aime pas le Ciel, je suis acrophobe. »)

Une acropole : Ville haute des anciennes citées grecques comportant des fortifications et des sanctuaires.

 

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Battre sa coulpe 
(du latin « Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa ») : Reconnaître ses torts, avouer sa culpabilité, se repentir publiquement.

Chanter la palinodie : Se rétracter, « retourner sa veste » comme on dit, ou faire l’éloge de ce qu’on avait blâmé. « Les palinodies d’un homme politique… »

Être relapse : Retomber dans l’hérésie après l’avoir abjurer. « Il abjura un moment l’hérésie puis fut relapse » (« y retomba » selon la terminologie catholique). Jeanne d’Arc fut condamnée au feu et brûlée vive comme relapse et hérétique.

 

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Expressions : Boire un bouillon… Le bouillon de onze heures… Bouillir, bouilloter à gros, à petit bouillon

Boire un bouillon (ou avaler une tasse) : Avaler de l’eau en nageant. Au figuré, boire une tasse ou un bouillon signifie « essuyer une perte considérable par suite d’une mauvaise spéculation ».
Le bouillon d’onze heures  (ou le vin d’onze heures)  dans l’expression « donner ou prendre le bouillon ou le vin de onze heures : Le bouillon ou le vin de onze heures veut dire breuvage empoisonné (on ne sait pas exactement pourquoi… peut-être s’agissait-il du dernier repas que la prison offrait, au Moyen Âge, aux condamnés… comme on dit tendre ou offrir une dernière cigarette à un condamné, juste avant l’exécution). Donc offrir, prendre ou donner le bouillon ou le vin d’onze heures à quelqu’un veut dire : Donner la mort, empoisonner, assassiner, s’empoisonner, ou se suicider.
Les bouillons : Ensemble des invendus d’une publication (qu’on passe au pilon pour refaire du papier).
Bouillissage : Première opération subie par la pâte de chiffon au cours du blanchiment préparatoire du papier.

Bouilloire russe : Samovar.

Retirer (des pommes de terre, des légumes) dès le premier bouillon : Dès l’ébullition, quand les bulles commencent à se former au sein d’un liquide.

Bouillir à gros bouillon : Très fort.

Laisser bouilloter une soupe ou un breuvage : Laisser bouillir doucement, longuement et à feu doux.


Notes de lecture en rapport avec cette partie : Retirer (les poivrons, les huitres, les oignons) au premier bouillon (dès l’ébullition). Bouillon se dit des bulles qui se forment au sein d’un liquide en ébullition. Bouillir à gros bouillon (très fort), à petit bouillon (longuement, laisser mijoter sur un petit feu). Bouillon : Bulle d’air emprisonnée dans le verre, dans les métaux fondus. Bouillon : Ensemble des livres non vendus. Tout le monde « a pris un bouillon », « a bu un bouillon » (avalé de l’eau en nageant). 

Tirage : Nombre d’exemplaires imprimés. Ne pas confondre avec la diffusion : Nombre d’exemplaires réellement vendus ou offerts en promotion. La différence entre les deux est le bouillon : Ensemble des invendus d’une publication, différence donc entre le tirage, le nombre de copies imprimées et la diffusion, celui d’exemplaires vendus (d’où l’expression Rendre le bouillon… c’est-à-dire les invendus. Le bouillon va au pilon… c’est-à-dire le reste des exemplaires non vendus passe au pilon : est détruit). « Prendre un bouillon » ou « aller au bouillon », signifie que le journal ne va pas bien. La santé d’un journal est aussi tributaire de son audience : On considère que chaque numéro vendu est lu par plusieurs personnes ; l’audience est donc égale à la diffusion multipliée par un coefficient donné (2 pour un quotidien, entre 3 et 5 pour un mensuel). Plus le chiffre de lecteurs obtenu est élevé, plus le journal peut espérer séduire les publicitaires, et donc gagner d’argent. Exemple : Télé 7 Jours est vendu à 2,5 millions d’exemplaires, et a une audience d’au moins 8 à 10 millions de lecteurs. « Prendre un bouillon » ou « essuyer un bouillon » signifie également, en terme de spéculation, subir une grosse perte d’argent à la suite d’une mauvaise spéculation.

 

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Parler à la cantonade : En termes de théâtre, quand un acteur s’adresse à un partenaire ou un groupe d’acteurs supposés être dans les coulisses et que les spectateurs ne voient pas. Généralement : Parler à un groupe de gens en semblant ne s’adresser à personne en particulier. « La patronne du café cria à la cantonnade : On demande Jacques au téléphone. »  « Il me désigna à la cantonade du bout de son cigare. »

 

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