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PRINCE CHARISMATIQUE aux yeux d’aigle, l’émir Fayçal el-Hâchimi était un homme de vaste culture, naturellement ouvert à l’Occident et parlait couramment le français, la langue diplomatique de l’époque. Il fut sans contredit, l’une des rares figures politiques arabes à avoir charmé, par son intelligence et la profondeur de ses vues, par la douce stabilité de son caractère et son intransigeance nationale, tous les grands politiciens et dignitaires européens qui l’ont approché lors des discussions à la Conférence de la Paix, français, britanniques, italiens et américains.
Ce prince au destin si fulgurant, si étrange, fut aussi un des rares représentants de la Nation arabe à n’avoir jamais, semble-t-il, cherché à concéder à son profit la moindre parcelle d’autonomie et d’indépendance nationale que les peuples d’Orient avaient méritées au prix de tant de sacrifices aux côtés des Alliés, lors de la Première Guerre mondiale. « Mes amis, l’indépendance se prend et ne se donne pas », avait-il lancé, avec une rare amertume dans la voix, aux Syriens qui lui demandaient si les discussions s’étaient bien déroulées entre lui et Clemenceau.L’indépendance… un mot sacré pour l’émir Fayçal ! Comme on sait, les événements qui suivirent lui donnèrent raison : battu par Deschanel à l’élection présidentielle de 1920, Georges Clemenceau se retira définitivement de la vie politique et les deux pays de Syrie et du Liban dont la France avait la tutelle, n’obtinrent leur indépendance qu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la Syrie en avril, le Liban en août 1946.
Voici, présenté aux lecteurs sous forme de chronologie raisonnée, un siècle d’histoire du Proche-Orient et de la Mésopotamie depuis les premiers contacts du XXe siècle européen avec les peuples d’Orient et l’Islam, jusqu’à cette date quand le dernier soldat français quitta la Syrie… terre bénie qui vit naître et mourir un des plus beaux rêves de l’histoire de la Nation arabe !
Alphonse de Lamartine publie Histoire de la Turquie.
[L’auteur de Graziella a été l’un des premiers et rares auteurs, voyageurs et diplomates européens à avoir désigné le « Mont-Liban » par le nom de « Liban ». Mais ce n’était pas du Pays du Cèdre actuel dont parlaient ces voyageurs et historiens du XIXe siècle, mais de « Djebel Loubnân » (Mont-Liban) : un département de la province de Syrie qui faisait alors partie de la Turquie ottomane.]
Le peintre écrivain français Eugène Fromentin publie Un été dans le Sahara.
Inauguration de la ligne de chemin de fer égyptienne, reliant le Caire à Alexandrie : environ 300 kilomètres.
À la suite du massacre des Chrétiens maronites par les Druzes, l’empereur Napoléon III décide l’envoi d’un corps expéditionnaire au Mont-Liban (province ottomane de la Syrie depuis 1516). Une commission internationale impose alors à la Sublime Porte l’autonomie politique et administrative de la Montagne, consacrant, par le dit « Protocole de 1864 », la représentation politique des communautés : embryon du futur « Pacte national » qui va régir, sous forme maronito-sunnite, le Grand-Liban du mandat ; et, plus tard, le Liban indépendant des années quarante. Selon ce protocole, le gouverneur du Mont-Liban devait être un Chrétien, non de la Montagne, mais sujet Ottoman.
[Selon certains chiffres, les massacres de 1860 auraient coûté aux Maronites plus de quinze mille morts et deux fois plus de réfugiés.]
Ernest Renan [1823-1892], envoyé en mission archéologique au Mont-Liban, visite la Palestine et la Syrie. Son voyage lui inspire Histoire des Origines du Christianisme (publié entre 1863-1883). Ce fut aussi lors de son séjour à Ghazîr, petit village près de Byblos, à 39 kilomètres au nord de Beyrouth – dans le même village où un certain enfant de douze ans, du nom de Salim El-Achi, passera en 1921 six mois à l’Orphelinat Américain, – que Renan rédigea la Vie de Jésus. [Cet enfant, ce sera le futur Docteur Dahesh.] Nous citons cette coïncidence étrange que Renan, un auteur français, écrivît son « Jésus » au Liban, et en plus à Ghâzir, lieu même où vécut le célèbre Docteur Dahesh, pour la seule raison que la vie, les enseignements, la lutte et les souffrances de Dahesh (sous le président de la République Béchara el-Khoury), furent comme une copie conforme de celles de Jésus-Christ sous Hérode en Palestine. Une autre raison : la thèse, très légitime de Renan, à propos des miracles de Jésus, élaborée à Ghâzir (des récits évangéliques de laquelle thèse l’auteur ampute tout pouvoir de miracles à Jésus, « pour la seule raison », écrit-il, « qu’il n’y a pas lieu de croire à une chose dont le monde n’offre aucune trace expérimentale »). Cette thèse franche qui fit scandale en son temps, trouve sa plus belle défaite par les miracles de l’Enfant même de Ghâzir où Renan écrivit son livre, en même temps qu’elle donne raison à Renan : il est difficile de croire à une telle puissance possible dans un monde « géré par des lois immuables ». Sa thèse est juste sinon Jésus ne serait pas Jésus ni Dahesh Dahesh.
Première implantation juive hors des murs de la ville de Jérusalem.
Expansion de l’Orientalisme européen. Peintres, écrivains, politiciens, diplomates, sociologues et philosophes vont à la découverte de l’Orient. Les uns en mission diplomatique, les autres en quête d’une source d’inspiration nouvelle, ou simplement attirés par ses richesses intellectuelles et ses couleurs exotiques. Avec la découverte de la Turquie et de l’Arabie, les villes et les peuples de l’Afrique du Nord et des villes riveraines de la Méditerranée orientale, grâce surtout aux toiles orientalistes qui se multiplient au Salon de Paris depuis 1850 : le « rêve oriental » gagne du terrain en Europe ! Alors que commence au Levant l’ère coloniale, le style de vie et les couleurs exotiques du monde arabe et musulman vont, eux, à leur tour, en coloniser en quelque sorte, les goûts de l’époque.
17 novembre 1869 (Canal de Suez) :
Inauguration du Canal de Suez. Première traversée solennelle en présence de l’impératrice Eugénie (l’épouse de Napoléon III), de l’empereur d’Autriche, des princes héritiers d’Angleterre et de la Prusse. Au milieu d’eux prône le réalisateur français du projet, le vicomte Ferdinand Marie Lesseps, assis à côté du vice-roi d’Égypte Ismaïl Pacha (le successeur de Mouhammad Saïd Pacha qui soutint la création du Canal). Large de 190 mètres, long de 195 kilomètres et profond de 20 mètres, il est le premier canal maritime qui relie, à travers une terre égyptienne totalement déserte, la Méditerranée à la mer Rouge. Une flotte de 48 navires franchit pour la première fois « le Canal de Suez » ; un événement qui récompense dix années de travaux gigantesques et des siècles de fantasmes depuis le roi de Perse, Darius III. Rêve de tant de siècles barbares, arabes et vénitiens, les travaux avaient commencé le 22 avril 1859, et furent achevés le 18 mars 1869. Ce gigantesque projet, accompli en partie par les Pharaons il y a quarante siècles, fut souvent interrompu et repris, abandonné et continué par tous les conquérants depuis Ptolémée jusqu’au VIIIe siècle de notre ère, puis repris encore, sans grand succès, par les Vénitiens au XVIe siècle, puis enfin par le général Bonaparte en 1798. En recevant Ferdinand de Lesseps à l’Académie française, le 22 avril 1885, Ernest Renan dira : « Un seul Bosphore suffisait bien jusqu’ici aux embarras du Monde… Vous venez d’en créer un second, bien plus important que l’autre. Vous aurez ainsi marqué la place des grandes batailles de l’avenir. »
La reine d’Angleterre et d’Irlande, Victoria, montée à l’âge de dix-huit ans sur le trône, devient « Impératrice des Indes ».
Création de l’Orchestre Philharmonique de Berlin.
Découverte à Tell El-Amarna, dans la Haute-Égypte (au nord d’Assiout, sur la rive droite du Nil), d’un important dépôt de tablettes cunéiformes, en argile. Elles sont d’une valeur capitale pour les historiens de la Moyenne-Égypte, et éclairent l’histoire diplomatique de ces États d’Orient avec leurs anciens conquérants venus des rives du Nil. Ce sont la correspondance échangée entres les souverains de l’Égypte, tandis que leur Capitale était à Akhetaton (aujourd’hui Tell El-Amarna), et leurs vassaux syriens et palestiniens, et ceux d’entre les deux fleuves, le Tigre et l’Euphrate : les différents princes de la Syrie, de la Palestine et de la Mésopotamie. On y découvre que les villes phéniciennes de Djoubel (Byblos) et Soûr (Tyr) étaient les plus anciennes villes de la Méditerranée, et que leur existence remonte au troisième millénaire avant notre ère. Autrement dit : à plus de vingt siècles avant le roi Hiram Ier qui a aidé le roi Salomon à construire le Temple de Jérusalem (et qui régna sur la ville de Tyr de 969-935 av. J.-C.). Enfin que les premiers Phéniciens formaient à l’origine des tribus nomades sémitiques, venues d’Arabie se fixer en Syrie et en Mésopotamie : ce sont les Ancêtres des Bédouins arabes d’aujourd’hui ! Venues des bords de la « mer Érythrée » (nom qui, chez Hérodote, désigne les côtes arabes du golfe Persique), ces premières tribus sémitiques qui ont peuplé la Phénicie, et plus tard Carthage et la Sicile, sont sorties du sein de l’Arabie.
Procès du capitaine Dreyfus devant le premier Conseil de guerre de Paris. Le 22 décembre, il est déclaré « coupable à l’unanimité de ses sept juges » et condamné à la déportation à vie dans une enceinte fortifiée. 5 janvier 1895 : Dégradation militaire de Dreyfus dans la grande cour de L’École Militaire de Paris. 21 février 1895 : Dreyfus embarque à Rochefort pour l’île du Diable.
Premier Congrès sioniste tenu à Bâle (ville de Suisse aux frontières de l’Allemagne et de la France).
[Réunit à Bâle, du 29 au 31 août 1897, ce premier congrès sioniste marque un tournant décisif dans l’histoire du mouvement des « Amants de Sion », et devient officiellement « le Mouvement sioniste politique » (ou l’Organisation mondiale du Sionisme). Theodor Herzl (écrivain juif d’origine hongroise et théoricien de la « nécessité de retrouver une patrie à la Nation juive ») y propose les premières lignes de son programme, qu’il qualifie de « plan de réunification nationale juive ». Un grand Conseil composé alors de 15 membres y est élu, ainsi qu’un Conseil restreint de 5 membres. Dans son journal, Herzl écrit : « A Bâle, j’ai posé les jalons de l’État des Juifs. »]
Theodor Herzl, fondateur de l’Organisation sioniste mondiale, visite la ville de Jérusalem. Pèlerinage également à Jérusalem de l’empereur allemand Guillaume II, dit « le Kaiser ». Rencontre des deux hommes au sujet de la Palestine et d’un foyer juif en Terre Sainte.
Dans l’Affaire Dreyfus, Émile Zola, convaincu de l’innocence absolue de Dreyfus, refait le coup de Voltaire dans l’Affaire Calas et publie dans L’Aurore une retentissante « lettre ouverte » adressée au président de la République française, Monsieur Félix Faure, que le journal intitule : J’accuse. Que d’encre elle a fait couler cette lettre ouverte de Zola publiée dans L’Aurore de ce jeudi 13 : Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis. Il y dénonce le procès de Dreyfus et l’acquittement d’Ester-hazy (« soufflet suprême à toute vérité, à toute justice ») et commence par accuser le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été « l’ouvrier diabolique » de l’erreur judiciaire (« en innocent, je veux le croire »), mais d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste (« depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables »). Il accuse le général Mercier de « complicité consentante ». Il accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains (« les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver l’état-major compromis »). Et après avoir crucifié d’un mot le général de Boisdeffre et le général Gonse (« complices du même crime »), le général de Pellieux et le commandant Ravary (« d’avoir fait une enquête scélérate »), il accuse les trois experts en écritures des cinq commis qui attribuèrent la paternité du bordereau à Dreyfus («d’avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins… » déclare Zola avec cynisme, « qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du jugement»). Il accusa surtout les bureaux de la Guerre d’avoir manipulé la presse afin d’égarer l’opinion et couvrir d’une faute plus grave leur erreur, et réserva la part du lion au premier Conseil de guerre qu’il accusa (« d’avoir violé le droit en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète »), et le deuxième Conseil d’avoir acquitté Esterhazy pour couvrir cette illégalité (« commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable »). Et pour conclure, il jeta le défi de le traduire en justice, mêlé de quelle profession de foi : « En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup des arrêts 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose. Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice. Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en Cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour ! J’attends. Veuillez agréer, monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect. Émile Zola. »
Le gouverneur général de la ville de Jérusalem (Youssouf Diya al-Khalidi) écrit au Grand Rabbin de France (Zadok Khan) en lui montrant le danger de la colonisation juive en Palestine.
Guerre d’expansion russo-japonaise en Chine du Nord-Est (la Mandchourie) entre la Russie impériale et l’Empire japonais.
Le Comité Union et Progrès prend le pouvoir en Turquie. Il rétablit le Parlement et restaure la Constituion de 1876 abolie par le Sultan vingt ans auparavant.
Naissance, à Jérusalem, dans le vieux quartier de Bâb Al-Amoûd, de Salim Moussa Échaya (dit El-Achi), le quatrième enfant et premier fils de Moussa El-Achi et de Chmouné Hanna Mourad Kânoun’ : le futur Docteur Dahesh.
L’aviateur et ingénieur français Louis Blériot effectue la première traversée de la Manche à bord de son avion le Blériot type XI, modèle qui sera utilisé par l’armée française au cours de la Première Guerre mondiale.
Proclamation de la République de Chine par Sun Yat-Sen.
Couronnement en Angleterre de George V, petit-fils de la reine Victoria et second fils d’Édouard VII, auquel il succéda en raison de la mort de son frère aîné – terrassé par une pneumonie à l’âge de 28 ans, – le duc de Clarence. C’est sous le règne de George V qu’éclatera la Première Guerre mondiale, à laquelle participera la Grande-Bretagne pour honorer la dite « Entente cordiale » signée à Londres, le 8 avril 1904, avec la France.
Début de la guerre balkanique.
Le plus gros paquebot du monde – long de 270 mètres, large de 28,5 mètres, ses quatre cheminées culminant à 42 mètres au-dessus de l’eau, nourri par 159 moteurs dévorant 2 tonnes de charbon à chaque mille – appartenant à la White Star Line, entame son premier voyage sous la conduite du capitaine Edward J. Smith : c’est le Titanic… symbole du nouveau siècle industriel et mécanique ! C’est sa première traversée : le 10 avril 1912, tôt le matin, il a quitté Southampton, ville de l’Angleterre méridionale, dans le Hampshire, pour rallier New York. Quatre jours plus tard, le dimanche 14 avril, à 22 heures 15, c’est la catastrophe ! Le géant paquebot, « considéré insubmersible du fait de ses 16 compartiments étanches », heurte un iceberg qui dérive dans la nuit au sud-est de Terre-Neuve; et commence à prendre l’eau. Il lance son premier S.O.S. à 22 heures 25, et coule, brisé en deux, à 2 heures 20 après minuit, par 3850 mètres de fond. Chef-d’œuvre de l’industrie navale, plus somptueux qu’un palais de maharadjah, gros et riche que dix banques, la Compagnie (pleine de confiance en son luxueux modèle) avait économisé sur les canots de sauvetage (« moitié moins nombreux en cas de catastrophe ou ce que prévoyait le Code maritime »). Des 2 200 passagers qui étaient à bord, 1 635 avaient péri. Parmi eux, un groupe de musiciens qui, dit-on, continua à jouer jusqu’à la fin.
Le Maroc est sous protectorat français.
Brutal coup d’État des Jeunes-Turcs à Istanbul : assassinat en plein Parlement de Nazim Pacha, ministre de la Guerre.
Le Reichstag vote une loi militaire qui porte les effectifs de l’Armée allemande à 760 000 hommes, et en prévoit 820 000 pour 1914. En réponse, la France, qui ne compte que 39 millions d’habitants contre 68 millions outre-Rhin, se résigne à allonger le service militaire. La loi du 7 août porte le service des jeunes soldats à trois ans et prévoit pour 1914 une Armée forte de 750 000 hommes. En décembre 1913, c’est au tour de la Russie de porter ses effectifs de combat à 1 200 000 hommes et de prévoir pour 1915 une Armée de 1 800 000 soldats.Sur une population de 170 millions d’âmes, 4 400 000 Russes vont endosser l’uniforme lors de la Grande Guerre, autrement dit : 3 % du chiffre global de la population, et près de 9 % du chiffre total des soldats mobilisés lors de la Grande Guerre.
[L’effort gigantesque et faramineux des états-majors ne porte pas seulement sur l’augmentation des effectifs militaires, il vise surtout aux armements et aux techniques de pointe. Le télégraphe sans fil, encore de courte portée à l’aube du XXe siècle (à peine de quelques centaines de mètres), s’est beaucoup amélioré (on peut à présent communiquer à des milliers de kilomètres par messages radio en morse). L’obusier allemand « Max le Long », créé par l’industriel Krupp, peut maintenant tirer à une distance de 120 kilomètres. Des cuirassés britanniques, lancés en 1906, marquent de leur côté une ère nouvelle dans la construction des navires de ligne. Dans les colonies, des automitrailleuses françaises sont utilisées aussi bien pour des missions de surveillance que de combat. Le début XXe siècle marque aussi, grâce à l’ingénieur maritime français, Maxime Laubeuf [1864-1939], l’essor définitif de la navigation sous-marine – illustrée par Jules Vernes dans un de ses romans de science fiction. Enfin l’aviation, conçue et utilisée à l’origine pour la reconnaissance militaire, fera son entrée comme arme offensive et sera employée comme chasseur, puis comme bombardier, dès 1915.]
Assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois, et de son épouse morganatique Sophie Chotek, duchesse de Höhenberg, alors en visite à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, par un jeune universitaire serbe de 19 ans, Gavrilo Princip.
[Cet attentat mettra le feu à l’Europe et à ses colonies, alors divisée entre la « Triple-Alliance » : elle groupait l’Italie (qui en mai 1915 prendra le parti du camp adverse) et les deux Empires centraux : l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne, à laquelle était militairement allié l’Empire ottoman des Jeunes-Turcs ; et de l’autre la « Triple Entente» : alliant la Grande-Bretagne, la France et la Russie des Romanov. Un mois plus tard, jour pour jour, le 28 juillet 1914, l’Autriche-Hongrie déclarera la guerre à la Serbie, entraînant la Première Guerre mondiale qui va durer quatre ans.]
La famille El-Achi, suite aux premiers troubles causés en Bosnie-Herzégovine, en route de Jérusalem pour rejoindre leur village natal en Anatolie, est bloquée à Beyrouth – la future capitale libanaise où l’un de ses cinq enfants, le futur Docteur Dahesh, allait proclamer sa mission d’unité des religions universelle en 1942.
Début de la Première Guerre européenne et entrée dans le conflit de l’Empire ottoman aux côtés des Empires centraux (l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie). Du fait de la guerre mondiale, l’autonomie du Mont-Liban est suspendue par un décret militaire de Djamal Pacha, un des trois dirigeants du Comité Union et Progrès et commandant en chef de la IVe armée ottomane en Syrie.
[En quatre ans de guerre : plus de 65 millions d’hommes seront mobilisés et envoyés sur divers fronts en Europe, au Proche-Orient et en Asie.]
L’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. L’Allemagne soutient l’Autriche, et la Russie la Serbie.
Belgrade est bombardée par l’artillerie autrichienne. («Toutes les capitales européennes ont les yeux fixées sur la Russie : Nicolas II va-t-il abandonner la Serbie ? »)
Mobilisation générale en Russie.
À 9 h 30 du soir, Jean Jaurès, le leader du Parti Socialiste français, fondateur du journal « l’Humanité » en 1904, est assassiné à coups de revolver par Raoul Villain, au Café du Croissant, rue Montmartre à Paris.
La mobilisation générale est décrétée « à la même heure dans l’après-midi en France et en Allemagne. L’Italie reste neutre ». (Paroles de Poilus, Lettres et Carnets du front, 1914-1918) Ce même jour l’Allemagne déclare la guerre à la Russie.
Traité secret d’alliance militaire entre l’Empire ottoman et l’Allemagne. (Berlin, qui s’apprête à déclarer le lendemain la guerre à la France, signe avec Istanbul un traité militaire qui permet à son État-major d’entraîner dans le conflit, et sous son commandement, les unités turques.)
Les Allemands violent la neutralité du Luxembourg et après un ultimatum à la Belgique, l’envahissent et déclarent la guerre à la France.
La Grande-Bretagne, selon un article d’alliance militaire entre elle et la Belgique, déclare la guerre à l’Allemagne, l’Allemagne à la Belgique qui résiste au passage de ses troupes.
Les deux croiseurs allemands, le Goeben et le Breslau, bombardent Bône et Philippeville, deux villes portuaires de l’Algérie française (aujourd’hui Annaba et Skikda).
L’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie.
Les Serbes entrent en Bosnie.
Les Russes sont devant Tilsit (ville de la Prusse-Orientale, aujourd’hui en Russie).
Le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l’Autriche. Les deux croiseurs allemands, le Goeben et le Breslau, entrent dans les Dardanelles pour passer sous commandement ottoman.
Premier télégramme de Lord Kitchener, ministre de la Guerre britannique, à l’émir Abdallah – l’aîné des quatre fils du chérif Hussein de la Mecque et futur roi de Jordanie – pour s’enquérir de la position du Hedjaz dans la guerre.
La Grande-Bretagne instaure un protectorat sur l’Égypte.
[Alors qu’à Marseille, on annonce le débarquement des troupes indiennes venues aider les Alliés contres les Allemands, au Caire, des contingents australiens et néozélandais courent défendre l’Égypte et le canal de Suez contre les Turcs ottomans.]
Enver Pacha, ministre de la Guerre – il fut avec Djamal Pacha et Tal’at Pacha à la tête du comité Union et Progrès qui entraîna la Turquie dans la guerre aux côtés des Empires centraux – donne le feu vert à l’amiral Wilhelm Souchon d’attaquer les ports russes de la mer Noire. Les trois villes, Odessa, Sébastopol et Novorossisk sont bombardées par les deux croiseurs allemands, le Goeben et le Breslau, battant désormais pavillon turc sous le nom de Yavuz Sultan Selim et Midilli.
Du fait de son agression du 29 octobre dans la mer Noire, l’Empire ottoman est considéré par la Russie et ses alliés, être entré en guerre aux côtés des Puissances centrales.
La Russie déclare la guerre à l’Empire ottoman.
Les Russes avancent dans le Caucase, ils prennent Diadin et Bayezid, en Arménie, au nord-est du lac Van.
Les deux alliés de la Russie, la France et la Grande-Bretagne, joignent leur déclaration de guerre contre la Sublime Porte à celle du chef suprême de la dynastie des Romanov.
Les Russes progressent vers Van et Erzeroum, deux places importantes en Arménie.
Le Sultan/Calife ottoman, Mehmed V, lance l’appel au djihad à tous les Musulmans, sujets ou non de l’Empire ottoman, contre l’impérialisme des infidèles groupés sous le nom de Triple Entente. [Chronologie de la Guerre, Librairie Militaire Berget-Levrault, donne la date du « 16 novembre : Le Sultan proclame la guerre sainte ».]
Le Conseil Sioniste mondial, réuni à Copenhague, proclame la neutralité des Juifs dans la guerre.
Les Anglais sont maîtres de Chatt El-Arab (dans l’actuel Irak), depuis le confluent du Tigre avec l’Euphrate jusqu’à la mer du golfe Persique.
Les Turcs, conduits par Enver, combattent à Sarikamich, au sud de l’ancienne province ottomane de Kars – annexée par la Russie après la guerre russo-ottomane de 1877-1878 et fortement peuplée d’Arméniens.
[Cause du Génocide arménien : Vaincue par les Russes à Sarikamich, en janvier 1915, la 3ème Armée ottomane d’Enver Pacha se vengera sur la population arménienne accusée de sympathie pro-russe et de collaboration avec l’ennemi.]
Le Japon, profitant du conflit mondial, déclare la guerre à l’Allemagne et s’empare des concessions et propriétés allemandes en Chine, notamment dans le Shantung.
Profitant du déclenchement des hostilités avec la Turquie, le Gouvernement britannique publie une note officielle supprimant la suzeraineté de la Porte sur l’Égypte, mettant le pays sous son protectorat. Le lendemain, il proclame la déposition du kédive Abbas II Hilmi Pacha, et nomme à sa place son oncle, le prince Hussein Kamal, le second fils d’Ismaïl Pacha (l’inaugurateur du Canal de Suez: voir à ce propos note du 17 novembre 1869), avec le titre de sultan d’Égypte. (À la mort de ce dernier, le 9 octobre 1917, le pouvoir passera à son frère aîné, le sultan Fouad Ier, père du futur roi Farouk, né deux ans et quatre mois plus tard, le 11 février 1920.)
18 décembre 1914
Le Japon présente ses vingt-et-une demandes à Pékin, ultimatum dans lequel le Gouvernement de Shigenobu Ôkuma cherche à faire de la Chine un protectorat nippon. Un mouvement anti-japonais se propage dans tout le pays.
Rompant avec son prédécesseur (le premier président de la République de Chine, Sun Yat-Sen) le nouveau président chinois, Yuan Shikai, aidé par les Japonais, restaure et rétablit le système impérial et se proclame empereur de Chine. (« Cet essai de restauration du pouvoir impérial à son profit ayant échoué, il redevint président de la République, mais mourut brusquement – peut-être empoisonné. » Le Petit Robert)
Djamal Pacha perd la bataille de Suez contre les forces britanniques et se replie vers la Syrie.
Début de l’opération franco-anglaise dans les Dardanelles pour forcer les détroits et contrôler la mer de Marmara.
Première utilisation par les Allemands des gaz toxiques à Langemarck, près de la ville belge d’Ypres, en France. Les soldats des tranchées françaises, envahis par la fumée venue des tranchées allemandes, tombent asphyxiés comme des mouches. Ceux qui parviennent à fuir, infestés par les gaz toxiques, pour peu qu’ils aient aspiré une bouchée de cette vapeur infernale, au bout de quelques minutes se mettent à cracher du sang et meurent à leur tour, le visage noir comme du charbon.
Arrestation à Istanbul de plus de deux cents notables arméniens et début de la déportation des Arméniens par les autorités ottomanes.
Traité de Londres entre l’Italie et les Alliés et entrée des forces italiennes aux côtés de l’Entente.
[Cet accord secret signé le 26 avril à Londres entre l’Italie et la Triple Entente, octroie à l’Italie de vastes compensations territoriales et économiques au Proche-Orient, si l’Italie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie.]
Torpillage du Lusitania, par le sous-marin allemand U-20, alors qu’il arrivait en vue des côtes sud-est de l’Irlande. Moins de vingt minutes plus tard, le paquebot britannique coulait avec tous ses passagers à bord. Parmi les 1 198 disparus, il y avait 128 Américains… [« Le Cunard Lusitania est torpillé et coulé en vue de la côte sud d’Irlande. De 218 voyageurs américains, 128 sont noyés. Il y a en tout 1 145 voyageurs, 761 survivants. L’indignation est générale. » (Chronologie de la Guerre, Premier volume 31 juillet-31 décembre 1914, Librairie Militaire Berger-Levrault)]
Correspondance échangée entre Hussein el-Hâchimi, chérif de la Mecque, et le haut-commissaire britannique au Caire, Sir Henry MacMahon (après le télégramme de Lord Kitchener à l’émir Abdallah : voir note du 24 septembre 1914), à propos de l’avenir des provinces arabes de l’Empire ottoman et de l’établissent d’un État Arabe indépendant (ou une confédération d’États arabes) sous la souveraineté de chérif Hussein.
Premières exécutions publiques de patriotes syriens à Beyrouth, place des Canons (l’actuelle place des Martyrs ou Sahet el Bourj) par Djamal Pacha, gouverneur ottoman de Syrie et commandant en chef de la IVe armée. Le poète Halim Dammous (futur disciple du Docteur Dahesh) est arrêté par les forces de l’ordre, passe une nuit en prison, mais est libéré le lendemain.
Naissance à Paris du Canard enchaîné, journal humoristique qui tue à sa manière le mensonge médiatique et le bourrage de crâne des états-majors. (« Car si le rire est le propre de l’homme, rien aussi ne tue comme lui. ») Ses principales victimes… la guerre, la censure, les politiciens, le pouvoir et les curés. Parmi ses premiers collaborateurs on retrouve des noms comme Anatole France, Raymond Radiguet, Jean Cocteau.
Traité d’alliance entre la Grande-Bretagne et l’émir du Najd Abdel-Aziz Ibn Séoud, futur roi et fondateur de l’Arabie Saoudite.
Instauration du service militaire obligatoire en Angleterre et dans tout le Royaume-Uni. (L’Irlande, qui connaît une grande instabilité politique, échappe à cette mesure.)
Offensive allemande sur la rive droite de la Meuse, début de la bataille de Verdun.
Victoire de Mustafa Kemal (futur premier Président de la République turque) contre les forces navales des Alliés dans les Dardanelles.
Accords Sykes-Picot qui prévoient le partage et le démembrement en « zones d’influences » de la Syrie et de la Mésopotamie entre la Grande-Bretagne et la France.
Djamal Pacha fait pendre à Beyrouth et à Damas un autre groupe de nationalistes syriens.
Signature à Londres des accords Sykes-Picot à propos du partage des provinces arabes de l’Empire ottoman.
[Duplicité britannique
Un an plus tôt; le 16 avril 1915, sur l’initiative des Anglais, un autre traité secret avait été signé à Londres par la Grande-Bretagne, la France, la Russie et l’Italie, dans le but d’attirer cette dernière dans la guerre aux côtés de l’Entente. Il fut promis à l’Italie (voir notes du 26 avril et 23 mai 1915) d’importants avantages territoriaux, dont la région d’Antalya située en Asie Mineure. Alléchée par tant de mirifiques promesses, l’Italie était entrée en guerre contre les Empires centraux un mois plus tard. Quant à la Russie des Romanov, elle devait avoir les provinces de Van et d’Erzeroum, les parties orientales de Mus, Trabzon et Bitlis, près du lac de Van, ainsi que les parties de Sivas et de la région de Harput (dont Mamouret’ Ul-Aziz, la ville natale de Moussa El-Achi, le père du Docteur Dahesh), et de Diyarbakir, en Mésopotamie orientale.]
Le chérif de la Mecque, Hussein Ibn Ali, gardien des Lieux saints de l’Islam, donne le signal de la Révolte arabe contre l’Empire ottoman et déclare l’indépendance du Hedjaz.
Première offensive franco-britannique contre le front allemand en Picardie et début des batailles de la Somme.
[Ces combats, les plus sanglants de la Grande Guerre – et probablement les plus meurtriers de toute l’histoire de l’humanité – durèrent jusqu’en novembre et causèrent – pour le seul 1er jour de l’offensive – la perte de près de 80 000 soldats tués ou mortellement blessés au combat.]
Entrée en guerre de la Roumanie du côté des Alliés.
Des chars d’assaut sont utilisés pour la première fois par les Britanniques au cours de l’offensive de la Somme.
La Bulgarie entre dans la guerre aux côtés des Puissances centrales. Les troupes alliées débarquent à Salonique (ville de Grèce au fond du golfe de Thessalonique).
Les Français contre-attaquent dans la zone de Verdun : reprise de Douaumont.
Le chérif de la Mecque, Hussein Ibn Ali, se proclame «Roi du Hedjaz et des pays arabes ». (Il sera renversé par Abdel-Aziz Ibn Séoud, roi du Nejd, en 1924.)
Fin de la bataille de la Somme. (Elle fit un million de morts, blessés et disparus selon une statistique couramment admise, selon d’autres, bien plus.)
Mort à Vienne, au château de Schönbrunn, de l’empereur d’Autriche et roi de Hongrie, François-Joseph 1er.
Fin de la bataille de Verdun. (Près d’un million de soldats morts selon un chiffre arrondi, selon d’autres, bien plus.)
Le général Joffre (Joseph Jacques Césaire) est nommé maréchal de France et est remplacé par le général Georges Robert Nivelle à la tête des Armées françaises.
Les dépenses militaires et civiles de la France sont estimées à près de 138 millions de francs chaque jour.
« Début de la première vague de grèves en France (grève de la haute couture parisienne) ». (Chronologie Paroles de poilus, lettres et carnets du front, 1914-1918, sous la direction de Jean-Pierre Guéno et d’Yves Laplume)
Annonce par les Allemands de la reprise de la guerre sous-marine à outrance dans l’Atlantique. (Le Kaiser Guillaume II l’avait fait suspendre dix-huit mois plus tôt après le coulage du Lusitania et la menace par Washington d’entrer en guerre contre l’Allemagne.)
[« Mercredi 31 janvier 1917 : L’Allemagne, en son nom et en celui de l’Autriche, répond aux États-Unis. Elle n’a jamais entendu annexer la Belgique, mais seulement prendre des garanties. Elle est si désireuse d’assurer l’indépendance des peuples qu’elle réclame celle de l’Irlande et de l’Inde. Mais comme ses adversaires repoussent ses avances, elle croit, dans l’intérêt de l’humanité, devoir intensifier la guerre pour l’abréger. À partir du 1er février, tout navire, neutre ou non, rencontré dans les eaux de l’Angleterre, de la France et de l’Italie, sera coulé sans avertissement. Une route étroite reste ouverte aux navires neutres ; les États-Unis pourront également communiquer avec le port anglais de Falmouth.» (Chronologie de la Guerre, Librairie Militaire Berger-Levrault)]
Première révolution russe. (Soit le 23-27 février selon le vieux calendrier orthodoxe.) Grèves massives, le gouvernement et la police n’assurent plus ni l’ordre ni l’approvisionnement de la Capitale. Le 10 mars (soit le 25 février selon le calendrier russe) le tsar ordonne l’intervention de l’armée pour réfuter la grève. Les soldats refusent d’obéir aux ordres de leurs chefs et fraternisent avec les insurgés.
Prise de Bagdad par les forces anglo-britanniques.
Abdication du tsar de Russie Nicolas II.
Entrée en guerre des États-Unis aux côtés de l’Entente, dite aussi la Triple Entente – initialement la France, l’Empire russe, et l’Empire britannique, à laquelle se joignirent l’Italie à partir d’avril 1915, et d’autres pays comme la Roumanie, à partir d’août 1916, et la Grèce en mai 1917. (Avec la déclaration de guerre du président Woodrow Wilson à l’Allemagne, la Grande Guerre prend un caractère, non plus européen, mais mondial.)
[« Après dix-sept heures de débat et cent quatre discours, à 3 heures 15 minutes du matin, la Chambre des États-Unis adopte l’entrée en guerre par 373 voix contre 50. Un amendement portant que les troupes américaines ne pourraient être envoyées en Europe a été repoussé. Dès le lever du jour, tous les navires allemands dans les ports des États-Unis ont été saisis. 3.000 officiers et marins ont été internés à Ellis-Island. » Un premier contingent de 80.000 soldats américains est aussitôt envoyé en France.]
Début de l’offensive du Chemin des Dames dite « Offensive Nivelle » du nom du général français qui commanda l’offensive : Georges Robert Nivelle. Désastre, massacres et sacrifices gratuits – échec total pour l’armée française, conditions de vie effroyables dans le froid, la boue, le déluge d’obus dans les tranchées – mutineries de soldats français (on fusille des poilus qui refusent de monter à l’assaut). Les pertes en vie humaines frôlent des chiffres incroyables, 250 000 Français sont tués ou blessés ; du côté allemand, le nombre des tués et blessés est pareillement inouï. Première utilisation de chars d’assaut par les Français.
Le général Nivelle est remplacé par le général Pétain à la tête de l’Armée française.
Les Bédouins du Hedjaz, conduits par l’émir Fayçal et Lawrence d’Arabie, occupent les crêtes des montagnes qui surplombent Akkaba (ville portuaire de l’actuelle Jordanie, dans le golfe d’Akkaba, sur la mer Rouge).
La Grande-Bretagne promet de soutenir la création d’un « Foyer national juif » en Palestine.
Les Bolcheviques divulguent par la radio les accords secrets de Sykes-Picot et publient le contenu de l’entente entre les Alliés sur le partage de Constantinople et des provinces arabes de l’Empire ottoman.
[« À la suite de la Révolution d’Octobre qui renverse l’État tsariste et installe le pouvoir bolchevique en Russie, le nouveau gouverneur de Pétrograd découvre dans les archives du Ministère des affaires étrangères de Pétrograd une copie du texte du traité Sykes-Picot qu’il porte, en janvier 1918, à la connaissance du Gouvernement ottoman, toujours possesseur des territoires concernés. Le pouvoir ottoman transmet alors ces informations au chérif Hussein de la Mecque à qui avait été promis, en 1915 par les Britanniques dans une série d’échange avec Sir Henry McMahon, le haut commissaire britannique au Caire, un Grand Royaume arabe, pour qu’il se désengage de la coalition avec la Porte. Dès la nouvelle connue, la colère gronde chez les Arabes. Désagréablement surpris par la lecture du traité, Hussein Ibn Ali transmet le texte au Gouvernement britannique avec une demande d’explications. » (Internet-Wikipédia : Accords Sykes-Picot)]
En France, Georges Clemenceau devient président du Conseil des ministres.
Entrée d’un premier contingent anglais à Jérusalem et occupation de la Ville sainte par le général Allenby.
[Depuis les Croisades, organisées du début du XIe jusqu’à la fin du XIIIe siècle, c’est la première fois qu’une armée non musulmane entre dans la Ville sainte.]
Armistice séparé signé à Brest-Litovsk entre les Bolcheviques russes et les Allemands.
Le général Allenby décide que les contingents français participeront deux fois par semaine à la garde du Saint-Sépulcre à Jérusalem, et que les tirailleurs musulmans français tiendront la garde de la Mosquée d’Omar.
Ferdinand Foch est nommé Maréchal de France par le président Poincaré.
Offensive des troupes françaises en Picardie. Victoire des Alliés sur la Somme. Début de l’offensive générale des forces alliées sur le front occidental.
Signature des premiers armistices, capitulation de l’Allemagne et fin de la Première Guerre mondiale.
[Le 11 novembre 1918, à 11 heures du matin, les clairons sonnent la fin des combats sur tous les fronts en Europe.]
[… Et retour au Liban de cheikh Béchara el-Khoury et de M. Émile Eddé, avec M. Naccache, les deux principaux acteurs de la politique libanaise durant et après le mandat. Durant la Grande Guerre, les hauts dignitaires libanais avaient fuit la vindicte ottomane et, avec d’autres personnalités politiques du Mont-Liban, s’étaient réfugiés en Égypte. Retour aussi au Liban de MM. Daoud Ammoun (qui va présider la première délégation libanaise à la Conférence de la Paix), Ayoub Tabet et Alfred Naccache. En fait, comme écrira Denise Ammoun quatre-vingts ans plus tard : « ce sont les leaders qui vont tour à tour diriger le Liban. » (Histoire du Liban, 1860-1943) À Beyrouth, l’ancien Consul général de France et haut-commissaire du Levant, M. François Georges-Picot (signataire des accords Sykes-Picot) n’est pas à son poste.]
Entrée des troupes anglo-chérifiennes à Damas.
« Plus vite, plus vite, cocher… fouette tes chevaux vers Istanbul : Fayçal el-Hâchimi et son ami Lawrence se trouvent à Damas. » Inquiet du progrès des Nationalistes arabes, le wali du vilayet de Beyrouth, Ismaïl Hakki bey, abandonne le Grand Sérail, et fuit vers Istanbul après avoir délégué ses pouvoirs à cheikh Omar Daouk, président de la Municipalité de Beyrouth. Mumtaz bey, gouverneur du Mont-Liban, prévenu le même jour par Omar Daouk, fuit de son côté après avoir délégué ses fonctions et son titre de moutassarif à M. Habib Fayad, président de la Municipalité de Baabda.
[« Mumtaz bey a hâte de quitter les lieux, et la cérémonie finale se déroule au pas de charge. Habib Fayad devient le seul responsable de Baabda avant même de comprendre le sens de sa nouvelle affectation. Pendant ce temps, Youssef El-Chénaï, le fidèle cocher de Mumtaz bey, ne sait plus comment maîtriser ses chevaux et craint de verser dans un ravin tant le moutassarif lui répète : Plus vite, plus vite. » (Histoire du Liban contemporain, Denis Ammoun, Librairie Arthème Fayard, 1997, page 199)]
Conduites par le contre-amiral Varney, les troupes françaises débarquent à Beyrouth.
Commandée par le général Allenby, la 7e Armée britan-nique pénètre à son tour dans Beyrouth.
Damas est libérée de l’occupation ottomane par l’armée chérifienne conduite par l’émir Fayçal (quatrième fils de Hussein Ibn Ali, chérif de la Mecque et roi du Hedjaz).
Apogée de l’épidémie dite « grippe espagnole » (ses victimes se chiffrent, selon certaines estimations, par dizaines de milliers tous les jours. En quelques mois elle fit près de 20 millions de morts à travers le monde).
Signature à bord du cuirassé britannique Agamemnon, de l’armistice de Moudros entre l’Entente et l’Empire ottoman. Il fut conclu à 20 heures entre l’amiral britannique Arthur Calthorpe et Hüssein Rauf Bey, ministre de la Marine turc. L’article 7 est particulièrement inquiétant pour Istanbul : c’est en réalité une « reddition sans conditions » qui vient d’être signée par la Sublime Porte !
Début de friction diplomatique entre les deux puissances coloniales, française et britannique, postées dans les provinces détachées de l’Empire ottoman, et notamment en Syrie, à propos du partage de ces régions occupées en zones d’influence européennes.
L’Autriche-Hongrie signe à Villa-Giusti (près de Padoue en Italie) l’armistice avec les Alliés.
Abdication de Guillaume II – fils de Frédéric III et petit-fils de Guillaume Ier – empereur d’Allemagne depuis 1888. Proclamation de la République allemande.
Les Anglais entrent dans Baalbek (ville située dans la plaine de la Bekka, dans l’actuel Liban). Les troupes françaises débarquent à Alexandrette (ou Iskenderun, ville du sud de la Turquie sur la frontière syrienne).
L’Allemagne capitule, c’est le 1 561e jour de la Grande Guerre. Après de longues délibérations dans la nuit du 10 au 11 novembre, l’armistice est signé entre les Alliés (représentés par le Maréchal Ferdinand Foch et le général Maxime Wegand) et les Allemands (représentés par l’Amiral Rosslyn Wemyss) à 5 heures du matin. Une des conditions immédiates de l’armistice : évacuation par les Allemands de la Turquie. (L’Allemagne doit également accepter l’occupation de la rive gauche du Rhin, son Armée doit livrer ses armements et sa flotte, et ses troupes évacuer tous les territoires envahis, etc.) À 11 heures ce 11 novembre 1918 : le feu cesse sur tous les fronts ! « C’est peut-être le plus beau jour pour les hommes, commente un journal français, depuis qu’il y a des hommes. » Le Premier ministre britannique Lloyd George souhaite aux Communes : « J’espère que cette matinée mémorable a vu la fin de toutes les guerres.»
En ce premier jour de paix, le Maréchal de France et commandant en chef des Armées alliées, Ferdinand Foch, écrit dans une proclamation aux troupes alliées : « Vous avez gagné la plus grande bataille de l’histoire et sauvé la cause la plus sacrée… la liberté du monde. Soyez fiers ! D’une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux. La postérité vous garde sa reconnaissance. »
Saad Zaghlûl (1860-1927) et les Nationalistes égyptiens réclament la fin du protectorat britannique imposé à l’Égypte depuis 1914. C’est le début de la lutte des pays arabes pour briser le joug du colonialisme.
L’émir Fayçal débarque à Marseille, en route pour Paris afin de participer à la Conférence de la Paix comme représentant de la Nation arabe. Il y arrive le 7 décembre. (Le 8 janvier 1919 il est rejoint par son ami Lawrence venu le seconder contre les exigences françaises sur la Syrie.)
Conquête de Jérusalem par le général Allenby.
Le président américain, Thomas Woodrow Wilson (1856-1924), arrive à Paris pour participer à la Conférence de la Paix.
En conséquence des clauses de Moudros – cessation des hostilités et démobilisation immédiate des troupes turques – retour de Moussa El-Achi du front du Caucase. (« Ce jour-là seulement il apprit que son benjamin chéri n’avait pas survécu au terrible accident de l’Imprimerie américaine, et qui avait alors provoqué sa mobilisation. »)
Bilan, chiffres et pertes
Première Guerre mondiale : 1914 – 1918
La Guerre de 14-18 fit dans les armées 8 500 000 morts et 2 100 000 blessés. Parmi les civils, on estime qu’environ 10 000 000 périrent du fait de la guerre, directement ou indirectement. La Russie… perdit 1 700 000 soldats (sur 12 millions de mobilisés). L’Angleterre… 900 000 soldats (sur 8 millions 900 milles mobilisés). L’Italie… 650 000 soldats (sur 5 millions 600 milles mobilisés). Les États-Unis… 115 000 soldats (sur 4 millions 350 milles mobilisés). La Roumanie… 335 000 combattants (sur 1 million 500 milles mobilisés). L’Allemagne… 1 770 000 combattants (sur 11 millions de mobilisés). La Turquie… 325 000 soldats (sur 2 millions 850 milles de mobilisés). La Bulgarie… 87 000 guerriers (sur 1 million 200 milles soldats mobilisés). La France… (que nous citons en dernier afin de donner un exemple de contradiction atroce touchant le nombre des mobilisés, et par conséquent de la valeur aux yeux de leur Patrie pour laquelle ces braves héros n’ont pas marchandé leur vie) : « Sur huit millions de mobilisés, plus de deux millions de jeunes hommes ne revirent jamais le clocher de leur village natal. » (Paroles de Poilus, lettres et carnets du front, Éditions Librio, 1998, page 6) « La guerre fit dans les armées françaises 1 million 350 milles morts. » (Le Petit Robert, 1991, article Première Guerre mondiale, page 780) Enfin, laissant de côté les ânes, les mulets et les chameaux, pour ne citer que les chevaux, car dans cette guerre de bêtes sauvages on oublie souvent de citer la bête noble : « Des dizaines de millions de chevaux furent mobilisés, et partirent pour le front sans jamais revoir leur chère étable. »
Ouverture de la Conférence de la Paix à Paris.
« La Conférence de la Paix qui s’ouvrit à Paris, le 18 janvier 1919, eut à résoudre de nombreuses questions épineuses. L’une des plus ardues consistait à fixer le sort des anciennes possessions des empires déchus, l’austro-hongrois, l’allemand et l’ottoman. Si le premier se vit partagé en plusieurs États successeurs indépendants, conformément au principe des nationalités, le deuxième, par contre, fut dépouillé de ses colonies et le troisième de ses provinces arabes, au profit des puissances alliées et associées. Mais l’avenir de ces colonies, de ces provinces et de leurs habitants préoccupait, au plus haut degré, de nombreuses associations humanitaires occidentales et de nombreux dirigeants politiques dont le plus illustre était incontestablement le président des États-Unis d’Amérique, Woodrow Wilson, humaniste et ancien jurisconsulte. Tous s’attachaient à favoriser, dans la mesure du possible, l’évolution matérielle et morale des populations habitant lesdits territoires.
À cela s’ajoutaient les revendications de ces populations, plus particulièrement celles des anciens sujets ottomans qui réclamaient leur indépendance et refusaient de se soustraire au joug du sultan pour tomber sous celui des puissances victorieuses. » (Antoine Hokayem, La Genèse de la Constitution Libanaise de 1926)
Les puissances alliées décident le démembrement de l’Empire ottoman sur la base des accords Sykes-Picot et la promesse de Balfour aux Sionistes de soutenir la création d’un foyer national juif en Palestine.
L’émir Fayçal, face au Conseil des Dix qui préside la Conférence de la Paix, défend au nom de son père Hussein Ibn Ali, le chérif de la Mecque et roi du Hedjaz, l’indépendance et l’unité de la Nation arabe.
Conduite par M. Daoud Ammoun, départ de la première délégation libanaise pour la Conférence de la Paix. D’un côté elle revendique le « retour des frontières historiques et naturelles » d’un Liban entièrement indépendant et détaché de la Syrie de Fayçal, et de l’autre demande l’aide militaire et sociale de la France.
Le Conseil administratif du Mont-Liban vote sa déclaration d’indépendance et d’autonomie administrative.
Le Conseil administratif du Mont-Liban confie au patriarche maronite, Mgr Élias Howayek, la mission de présider la deuxième délégation libanaise à la Conférence de la Paix.
Signature du Traité de Versailles entre l’Allemagne et les Alliés ; dans les clauses duquel est également confirmé le partage du Proche-Orient et de la Mésopotamie en deux zones d’influence française et britannique.
[Inaugurée le 18 janvier 1919, la Conférence de Paris aboutit au honteux Traité de Versailles qui humilie un peu trop l’Allemagne, signé, cinq mois et dix jours plus tard dans la célèbre galerie des Glaces, le 28 juin. Ce mardi dété 1919 marque aussi le cinquième jour anniversaire de l’attentat de Sarajevo contre l’archiduc héritier d’Autriche François-Ferdinand et sa femme Sophie. Le traité de paix avec l’Allemagne comporte 200 pages et 440 articles : l’Allemagne (« seule responsable de la guerre avec ses alliés ») perd ainsi 13 % de son territoire national et 10 % de sa population. Tel était le but de Georges Benjamin Clemenceau (surnommé « le Père la Victoire » ou « le Tigre ») et qui nourrissait une haine viscérale envers les Allemands : détruire par tous les moyens disponibles, humilier, appauvrir et paralyser économiquement, démographiquement et militairement l’Allemagne. Il venait de créer une bombe à retardement nommée Hitler.]
Signature de l’entente entre Paris et Londres qui stipule la relève, à dater du 1er novembre, des troupes anglaises en Syrie par les troupes françaises. Pour les Chérifiens, plus de doute : c’en est fait de leur rêve de Nation Arabe Unie avec Damas pour Capitale.
En France, la Chambre des députés ratifie le Traité de Versailles et ses clauses militaires, économiques et territoriales concernant l’Allemagne et les pays vaincus de l’Entente.
Le général Henri Joseph Gouraud, commandant en chef de l’Armée du Levant, remplace François Georges-Picot dans ses fonctions de haut-commissaire de la République française en Syrie et en Cilicie.
Le patriarche Élias Howayek remet au Conseil des Dix le Mémoire qui résume les revendications libanaises : retour aux frontières historiques du pays et tutelle française.
Conformément à un accord prévu entre Londres et Paris, les troupes britanniques commencent leur retrait de la Syrie, cédant la place aux troupes françaises basées dans la Bekka – encore nominalement partie des territoires ottomans. (Début décembre 1919, le dernier soldat britannique a déjà quitté la ville de Damas, laissant les Syriens seuls devant Gouraud.)
Le général Henri Gouraud débarque à Beyrouth.
Les troupes d’Allenby résument leur retrait de la ville de Damas et de la Bekka, laissant le gouvernement arabe et la France face à face.
Accords provisoires (qu’on dit secrets) entre l’émir Fayçal, représentant de la Nation arabe à la Conférence, et Georges Clemenceau, chef du Gouvernement français, sur la Syrie (englobant la Palestine et le Liban actuels).
Fayçal quitte Paris pour regagner Damas via Marseille. Il est accueilli à Beyrouth avec les honneurs militaires par le général Gouraud.
Fin du gouvernement de Georges Clemenceau qui se retire de la politique. Alexandre Millerand lui succède jusqu’au 24 septembre. (À partir du 23 septembre, jusqu’au 13 juin 1924 : Millerand est aussi président de la République.)
Dans un discours politique tenu à Damas devant une assemblée de notables et d’officiers supérieurs : Fayçal réaffirme sa position et proclame l’indépendance absolue et l’unité de la Nation arabe et de ses territoires.
Départ pour Marseille de la troisième délégation libanaise pour la Conférence de la Paix : elle est conduite par l’évêque Abdallah el-Khoury (le vicaire patriarcal de Mgr Howayek). Elle arrive à Paris le 11 février.
[Une troisième délégation libanaise gagne Paris
« À Baabda, les partisans du Grand-Liban s’inquiètent. Peut-être à juste titre. Le Gouvernement français n’a toujours pas concrétisé les promesses de Clemenceau au patriarche Howayek, et l’on ignore la teneur exacte du projet d’accord franco-chérifien [touchant la Syrie et les aspirations de la Nation arabe]. Mais la réception solennelle faite à l’émir par les soldats français laisse présumer une entente totale. Quel sera le contre coup de cette amitié toute neuve pour un Mont-Liban qui n’a pas encore retrouvé ses ‘frontières naturelles et historiques’ ? Une semaine plus tard, le discours de Fayçal au Club arabe de Damas aggrave les craintes des Nationalistes libanais. L’émir a relancé l’unité de la Syrie intégrale. Il est temps de réagir, de recommencer à frapper aux portes des grandes puissances. À la Résidence des Pins, les hauts fonctionnaires ne semblent pas hostiles à une nouvelle initiative. Le général Gouraud le laisse entendre au patriarche maronite.
« Les réunions se succèdent aussitôt à Bkerké et à Baabda. Les membres du Conseil administratif renouvellent leur confiance au Chef spirituel de la communauté maronite, auquel ils ont, on l’a vu, donné mandat de représenter le Mont-Liban à la conférence de la Paix. Le décret promulgué le 6 juin 1919 par le Conseil administratif avait décidé l’envoi d’une seconde délégation à Paris [la première fut présidée par Daoud Ammoun], puis tous les membres avaient demandé à Mgr Howayek de la présider. Cette mission, déclarent-ils, n’est pas achevée. Mais le vénérable prélat ne peut affronter, encore une fois, les multiples péripéties d’un tel voyage. Il confie à son vicaire patriarcal, Mgr Abdallah el-Khoury, le soin de poursuivre la tâche en son nom. La composition de cette troisième délégation doit comprendre des représentants de toutes les communautés libanaises. Mgr Abdallah el-Khoury sera donc accompagné par deux maronites, Émile Eddé et cheikh Youssef Gemayel ; un chiite, Kamel bey El-Assaad; un druze, l’émir Toufic Arsalane ; et un grec-orthodoxe, Alfred Moussa Sursock. Aucun sunnite n’en fait partie, puisque cette communauté œuvre dans son ensemble pour rallier la Syrie. » (Histoire du Liban Contemporain, Denise Ammoun, Librairie Arthème Fayard, 1997, pages 249-250)]
Réuni à Damas, le Congrès syrien vote à l’unanimité l’indépendance de la Syrie et son unité intégrale avec la Palestine et la Transjordanie – rendant ainsi obsolète toute idée de mandat ou de division territoriale des provinces arabes de l’Empire. Il accorde en même temps à l’émir Fayçal le titre et les pouvoirs de « roi constitutionnel » du pays.
La formation du Royaume arabe de Syrie est annoncée au peuple et Fayçal est proclamé à l’unanimité du Congrès roi de Syrie sous le nom de « Fayçal Ier ».
[À Damas, l’émir Fayçal, fort de l’appui du Royaume-Uni – traitant avec la France d’un côté et de l’autre soutenant les Chérifiens avec un sens raffiné de ses intérêts dans la région – se fait couronner roi de Syrie (incluant dans ses frontières la Palestine, la Jordanie et le Liban actuels) après que les Anglais l’aient aidé à chasser les Turcs.]
Les Alliés occupent Istanbul : plus de cent cinquante députés kémalistes sont arrêtés et exilés à Malte. L’Assemblée Nationale turque se replie sur Ankara (en Anatolie orientale) et se réorganise pour faire volte face.
Les Nationalistes libanais, excités par le haut-commissaire Gouraud, protestent contre les décisions de la Syrie et manifestent en faveur de leur propre indépendance. Au cours d’une de ces manifestations nobiliaires, qui ont lieu à Baabda, devenue la capitale administrative du Grand-Liban, le général Gouraud, pour affirmer l’union du Liban avec la France, choisit comme emblème national du nouveau pays : le drapeau tricolore français frappé d’un cèdre vert dans sa bande blanche. Cet emblème, d’esprit et de caractère coloniaux flagrants, demeura le symbole national du pays, et flotta sur tous les palais officiels jusqu’à l’indépendance du pays en 1943. [Le premier à avoir élevé le drapeau colonial français à Baabda/Grand-Liban, c’est un certain Beyrouthin du nom de Chucry Arkach.]
Premiers affrontements communautaires entre Arabes et Juifs en Palestine.
Au cours de l’élaboration du Traité de Sèvres, le Conseil suprême interallié, réuni à San Remo, en Italie, confie à la France le mandat sur la Syrie et le Liban, et à la Grande-Bretagne le mandat sur la Mésopotamie, la Palestine et la Transjordanie. Il est aussi confié à la Grande-Bretagne la mission de réaliser au nom de la Société des Nations les promesses de Lord Balfour.
[Tenue du 19 au 26 avril 1920 – composée de représentants britanniques, français, italiens, belges, grecs et japonais – la conférence internationale de San Remo confirme les accords franco-britanniques sur le Proche-Orient et la Mésopotamie signés lors de la Première Guerre mondiale. Elle consacre de même la création d’un « Foyer national juif » en Palestine, supervisé par les Britanniques. L’indépendance syrienne, proclamée le 7 mars 1920 par le Congrès national syrien, devient ipso facto illégitime, voire la bête noire à abattre. (Telle sera la mission de Gouraud quand il marchera sur Damas avec la bénédiction tacite des Anglais, qui avaient eux pourtant – ironie des choses de la politique – installé l’émir Fayçal à Damas)].
Dans le cadre des accords de San Remo : les Britanniques et les Italiens reconnaissent que le mandat, non seulement du Mont-Liban, mais aussi de la Syrie doit revenir aux Français. La Grande Syrie de Fayçal est condamnée à avorter, écrasée dans l’œuf. Conformément aux décisions du Traité de Sèvres signé le 10 août 1920 entre les puissances alliées et la Turquie kémaliste : le Mont-Liban, auquel sont annexés la plaine de la Bekka, Beyrouth et le littoral méditerranéen de Tyr à Tripoli, devient par la suite l’État du Grand-Liban et est placé, tout comme la Syrie proprement dite, sous l’autorité administrative française.
[« Certes, le mandat français n’entrera officiellement en vigueur que beaucoup plus tard. Il faudra qu’entre temps le président Mustafa Kemal renonce au nom des Turcs à son opposition larvée, signe le 10 août 1920, le Traité de Sèvres, et admette que le Liban et la Syrie ne font plus partie des territoires ottomans. Il faudra aussi que le conseil de la Société des Nations approuve en 1923 les causes du mandat. Pourtant, en avril 1920, la France est aux yeux de tous la future mandataire. » (Histoire du Liban, Jacques Nantet, Troisième édition, préface par François Mauriac.)]
Alexandre Millerand, nouveau président du Conseil après Clemenceau (auquel il succède depuis le 20 janvier 1920) et ministre des Affaires étrangères, donne à Gouraud pleine liberté d’action sur le terrain… avec mission d’occuper Damas et de réduire la rébellion syrienne.
Télégramme de Fayçal à Millerand, via Gouraud, l’informant qu’il compte retourner en France pour traiter des affaires de la Syrie à la Conférence de la Paix.
Le Conseil administratif du Mont-Liban vote en faveur de la Syrie de Fayçal (parmi les 12 députés votant pour Fayçal, le frère même de Mgr Howayek : Saadallah Howayek). Ce vote va déclencher un processus anti-chérifien que Fayçal ne parviendra plus à maîtriser.
[Des 13 membres composant le Conseil de Baabda, un est alors absent. D’entre les 12 députés restants, 8 prennent clandestinement la route de Damas pour prêter hommage à l’émir Fayçal et se joindre à sa délégation afin de réclamer à la Conférence de la Paix le ralliement du Grand-Liban au Royaume arabe… Le 12 juillet 1920 : On arrête les 8 membres, et le Conseil administratif de Baabda est dissous par ordre de Gouraud. Par décision du tribunal militaire français, ils sont exilés en Corse.]
Gouraud adresse un ultimatum à l’émir Fayçal : « le gouvernement de Damas doit accepter, avant le 18 juillet 24 heures, les conditions du mandat confié à la France par le Conseil suprême de San Remo, faute de quoi, je me verrai obligé de faire appel à la force pour les imposer. »
[Dans l’ultimatum que le général Gouraud lance à Fayçal, il est précisé : « Acceptation sans délai du mandat français avec toutes les conditions territoriales, administratives et militaires qu’il implique ». Ces cinq conditions doivent être acceptées, lui dit-il après leur énumération, « avant le 18 juillet 24 heures, faute de quoi, le gouvernement français reprendrait sa liberté d’action, et je me verrai obligé de faire appel à l’emploi de la force pour les imposer. » Dans le texte, se lit cette condition pour le moins ridicule : « Acceptation du mandat français dont l’application se présentera sous forme d’aide et de collaboration. » (En d’autres termes, il est demandé au gouvernement chérifien de se laisser occuper et usurper par la France coloniale sous l’habit de la sujétion reconnaissante.)]
L’armée d’occupation française, conduite par le général Mariano Goybe, entre à Damas après avoir écrasé les troupes chérifiennes à Khan Mayssaloun.
[Si les troupes françaises sont accueillies en libératrices par les Chrétiens du Liban, il n’en est pas de même en Syrie où les Français apparaissent partout comme les nouveaux occupants. Malgré l’acceptation par l’émir Fayçal des conditions de l’ultimatum du 14 juillet, et les conseils de Clemenceau avant son départ récent du gouvernement, Gouraud marche sur Damas et défait les forces résistantes arabes qui s’étaient retirées à Mayssaloun. Fayçal est alors invité à quitter la Syrie avant le 1er août. Le soir du 27 juillet, accompagné de son frère Zeid, il prend le chemin de l’exil, presque apatride.]
Acompagné de son jeune frère Zeïd, le roi Fayçal quitte le « royaume éphémère » de Syrie.
Donnant une première satisfaction aux Nationalistes libanais, Gouraud rattache la plaine de la Bekka, ainsi que Hasbaya, Rachaya et Baalbek au sandjak du Mont-Liban.
Signature du Traité de Sèvres entre l’Empire ottoman et les pays de l’Entente. Entre autres clauses imposées aux Turcs, la Turquie admet que le Liban et la Syrie ne font plus partie des anciens territoires ottomans ; de même que la Cilicie et une grande partie de l’Anatolie. Le général Mustafa Kemal – le père de la Turquie moderne, connu sous le nom d’Atatürk – contestera le traité signé par le Sultan et refusera d’en reconnaître les termes.
[Le Traité de Sèvres du 10 août 1920, signé par le Gouvernement d’Istanbul au nom du Sultan Mehmet VI (le dernier Sultan ottoman) : consacre la perte définitive pour l’Empire de toutes ses possessions de l’Europe de l’Est, à l’exception d’Istanbul/Constantinople, ainsi que de toutes ses provinces du Proche-Orient. Sont prévues également la création d’une « Arménie indépendante » et d’un État ou d’une « province kurde autonome » (deux clauses qui ne verront jamais le jour). Ce traité radical révolta Mustafa Kemal et fut cause de la guerre greco-turque qu’il mena pour la récupération de la Thrace orientale et de la région de Smyrne – qui seront finalement reconnues à la Turquie en 1923 par le Traité de Lausanne. (Voir note 24 juillet 1923 : Signature du Traité de Lausanne)]
Le général Gouraud – au nom de la Société des Nations – proclame solennellement la création de l’État du Grand-Liban (plus ou moins dans les frontières actuelles du Pays du Cèdre), avec Beyrouth pour Capitale.
Grand jour historique pour le Liban. À la Résidence des Pins de Beyrouth – entouré du patriarche maronite, du grand mufti sunnite, de tous les chefs religieux et personnalités politiques libanaises, de tous ceux qui ont réclamé à la Conférence de la Paix la tutelle française ou ont fini par accepter l’occupation militaire : le général Gouraud proclame officiellement la naissance du Liban à l’ombre des cèdres bibliques. Un pays soi-disant libre et indépendant, organisé selon les vœux de la population et dans le respect des confessions – qui s’écroulera sur lui-même et sombrera dans les atrocités de la guerre civile après avoir vécu ce que vivent les roses du confessionnalisme.
[« C’est Negib Bey Aboussouan qui accueille le général par un discours : ‘En cette heure solennelle qui entre dans l’histoire pour y marquer une date à jamais ineffaçable, au milieu de ces transports frénétiques de joie et des démonstrations spontanées de bonheur, Beyrouth fleur de la Syrie, capitale du Grand-Liban, recouvrant la respiration libre, acclame en vous son bienfaiteur et en vous salue la France glorieuse… Cette journée grandiose sera d’autant plus marquée que la Providence a voulu que notre destinée reçoive sa consécration de la bouche d’un preux, de celui qu’on appelle avec raison le Bayard moderne.’ » (Gérard D. Khoury, La France et l’Orient Arabe – Naissance du Liban moderne, 1914-1920)]
Le Soldat inconnu, un des héros anonymes tombés à Verdun, est inhumé sous l’Arc de Triomphe de Paris, alors que joue la « Marche Héroïque » de Saint-Saëns.
Le frère aîné de Fayçal, l’émir Abdallah, est proclamé Prince gouverneur de la Transjordanie, alors sous protectorat britannique.
Par arrêté Numéro 763, un premier recensement général de la population libanaise est ordonné par le général Gouraud. Le principe de l’arrêté Numéro 763 est que seuls doivent être recensés les habitants du Grand-Liban. Quant aux ressortissants libanais fixés à l’étranger, une disposition annexée à cet arrêté est alors ainsi conçue :
« À l’occasion des opérations de recensement qui s’effectueront en 1921, les Libanais fixés à l’étranger seront mentionnés dans des registres spéciaux sur la déclaration de leurs parents ou de leurs Mouktars. Ils seront invités ultérieurement par les soins des Consuls du Gouvernement de la République française, à se faire inscrire au Consulat de France la plus proche de leur résidence, s’ils n’ont pas acquis la nationalité du pays où ils sont fixés. »
Un plébiscite « irakien » confirme l’accès au trône d’Irak de l’émir Fayçal el-Hâchimi. Dans son discours d’investiture, Fayçal rappelle ce qui fut et demeurera toujours la base de sa politique arabe – que ce soit en Irak, au Liban, ou en Syrie : « Les mots musulman, chrétien, juif, kurde n’ont aucun sens quand on parle en patriote, dit-il. Il n’y a qu’un seul pays : l’Irak. »
[La dynastie des Hâchémites d’Irak : 1921-1958. Fondée avec ses frontières actuelles sous les Alliés par l’émir Fayçal, le fils du chérif de la Mecque et roi du Hedjaz Hussein Ibn Ali, elle fut renversée le 14 juillet 1958 par un coup d’État militaire qui instaura la République.]
Benito Mussolini marche sur Rome avec ses Chemises noires et obtient du roi Victor Emmanuel III la charge de former le nouveau gouvernement italien.
Abolition du Sultanat par un vote du Parlement turc. Le dernier cabinet ottoman donne aussitôt sa démission et, le 17 novembre, le dernier sultan ottoman Mehmet VI, s’embarque pour l’exil à bord d’un navire britannique. En attendant de résoudre la question du Califat, son cousin Abdülmejid II est proclamé le lendemain simple Calife.
Mort à Paris de Marcel Proust. (Un des auteurs le plus controversé de son époque : génie inégal par sa prose poétique qui frôle la musique, illisible pour certains à cause de la longueur vaporeuse de ses phrases, monument majeur de la littérature française pour d’autres encore, il est en tout cas un des auteurs français le plus traduit, lu, diffusé et vendu dans le monde aujourd’hui).
Charles Auguste Lindbergh achète son premier avion.
[Quatre années plus tard, Lindberg va acquérir une réputation mondiale en devenant le premier pilote à avoir relié New York à Paris au cours d’un vol direct, du 20 au 21 mai 1927, accompli en trente-trois heures et trente minutes – à bord de son avion : le Spirit of Saint Louis.]
Gibran Khalil Gibran publie à New York : The Prophet. Publié en anglais, le livre connut un succès mondial immédiat, et la réputation de l’auteur ne cessa de croître depuis.
Le Traité de Lausanne amende le Traité de Sèvres imposé aux Turcs trois ans plus tôt, et délimite les frontières de la Turquie nouvelle et de la Grèce actuelle, ainsi que celles des États nés (le Liban, la Syrie, la Transjordanie, la Palestine et l’Irak) sous les mandats français et anglais. Signé à Lausanne, en Suisse, entre la Turquie kémaliste d’une part, et la France, l’Italie, l’Angleterre et leurs alliés de l’autre, il reconnaît en premier lieu la légitimité du régime d’Ankara et les frontières de la Turquie moderne, de même que sont modifiées en faveur de la Turquie les frontières de la Grèce actuelle.
La « Question arabe » débattue à Lausanne
Le nouveau gouvernement turc, se soumettant à toutes les décisions internationales touchant les provinces arabes détachées de l’Empire ottoman, signe le Traité de Lausanne, et abandonne ainsi à tout jamais ses prétentions au Liban et en Syrie, de même que sur les autres provinces confiées au double mandat français et anglais. (Voir aussi San Remo : note 26 avril 1920.) Signé à Lausanne, en Suisse, le 24 juillet 1923, le Traité entrera en vigueur le 6 août 1924, autrement dit un an et treize jours plus tard, donnant ainsi naissance à la nationalité libanaise. De leur part, les Alliés renoncent à demander l’indépendance de l’Arménie et l’autonomie du Kurdistan au sein des territoires turcs.
L’un des paradoxes du Traité de Lausanne fut de sanctionner officiellement des transferts massifs de populations dont s’ensuivirent des purifications ethniques.
[Transferts de populations
Parallèlement à ces accords : le Gouvernement turc signe avec l’URSS le Traité de Kars, par lequel les Soviétiques rendent à la Turquie un ancien territoire ottoman, grand comme la Suisse, dont Kars et Ardahan, peuplé d’Arméniens et de Géorgiens (des Lazes et des Meskhètes) qui seront expulsés en Russie et remplacés par des Turcs et des Kurdes.]
En Turquie, la paix des territoires est ratifiée par la Grande Assemblée Nationale d’Ankara. Le 2 octobre, les Alliés évacuent Istanbul où les troupes turques feront leur entrée le 6 octobre : la guerre d’indépendance aurait été terminée !
Transfert de la nouvelle capitale turque à Ankara, en Anatolie orientale.
La Grande Assemblée Nationale conduite par Mustafa Kemal proclame la République turque avec Ankara pour Capitale.
Abolition du Califat. Le 30 avril, la Constitution de la République turque est votée par l’Assemblée Nationale d’Ankara.
Le général Maxime Weygand, haut-commissaire de France au Levant, proclame la création de l’État de Syrie avec Damas pour Capitale.
Adolf Hitler, le futur chancelier du IIIe Reich, publie Mein Kampf (Mon Combat) : récit autobiographique et manifeste politique qui allait devenir la référence du nazisme.
Une première Constitution (calquée de près sur celle de la France), est édictée au Liban sous Henri de Jouvenel. [Elle est rédigée par la Commission des treize, à laquelle participe notamment le député Michel Chiha, le frère de Mme Marie Hadad – future Daheshiste qui sera emprisonnée par simple ordre de son frère à cause de ses convictions et ses luttes pour « la liberté d’expression et de croyance » garantie par la Constitution.] Elle sera provisoirement suspendue entre 1939 et 1943… Le pays du Cèdre y est déclaré « République démocratique parlementaire fondée sur le respect des libertés publiques, et en particulier la liberté d’opinion et de conscience, sur la justice sociale et l’égalité dans les droits et obligations entre tous les citoyens, sans distinction ni préférence ».
Pour apaiser la tension nationale, le pouvoir mandataire s’abrite sous la promulgation de la Constitution du 23 mai. Tout en créant une République sur le modèle français, la France laisse régner, sous l’autorité du haut-commissaire, la vieille pratique institutionnelle de la primauté maronite. Élection du premier président de la République libanaise : Charles Debbas.
L’État du Grand-Liban porte désormais le nom de République libanaise.
Krach boursier de New York qui causera la grande dépression économique mondiale des années trente.
Émile Eddé est élu président de la République libanaise. (Ayant présenté sa démission le 4 avril 1941, le général Henri-Fernand Dentz, représentant de Vichy au Levant, nommera M. Alfred Naccache chef d’État et de Gouvernement libanais.)
L’Allemagne envahit la Pologne… Le même jour la France proclame la mobilisation générale, suivie le lendemain par la Grande-Bretagne : c’est le grand retour aux armes.
L’indépendance libanaise et syrienne est proclamée par la « France libre » au nom du général de Gaulle, abolissant ainsi le mandat en Syrie et au Liban. (Les dernières troupes françaises ne quitteront les territoires occupés depuis la signature de l’armistice de Moudros, qu’en 1946, après de durs affrontements avec les Libanais et les Syriens.)
Début de la Mission Daheshiste au Liban.
Fin de la Deuxième Guerre mondiale : elle aurait fait plus de cinquante millions de morts, dont les deux tiers furent des civils, et autant de blessés et de mutilés.
Les dernières troupes d’occupation françaises évacuent la Syrie.
Le dernier soldat français quitte le Liban.
De l’Antiquité à nos jours
Présentée par ordre chronologique
(24 vol. sur l’Histoire du Monde, de l’Antiquité à nos jours)
Conçue et rédigée par Georges H. Chakkour
Histoire, Politique, Sciences,
Littérature, Arts, Religions
[ Chronologie 1 (5000 av. J.-C.-700 av.J.C.) ]
[ Chronologie 2 (640 av.J.-C-619 Temps modernes) ]
[ Chronologie 3 (622-1567) ] Le Début de l’Islam
[ Chronol. Fayçal et le monde arabe de Versailles (1850-1950) ]
[ Chronol. de l’Affaire Dahesh (du 12 mai 1942 au 16 février 1943) ]
[ Le Liban dans la Bible et l’Exode du peuple juif vers la Terre de Canaan ]
Portrait littéraire inédit sur la vie intime, les œuvres et la pensée d’une figure universelle hors du commun
à travers ses nombreux écrits,
ses mémoires et ses récits de voyage
[ Auto-portrait du Docteur Dahesh d’après ses oeuvres littéraires ]
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Découvrez, à travers son merveilleux Dinar,
une foison de sujets humains, politiques et sociaux
qui nous touchent de près
à l’échelle individuelle et universelle.
[ Sélection puisée dans Mémoires d’un Dinar : Philosophie de la guerre ]
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