Lutin

J’aime la Poésie,
son séjour riant et ses vertes fontaines;
et sa lune argentée,
qui caresse qui caresse un lac automnal, bleu ou doré!
J’aime le silence environnant qui tombe,
comme une chevelure de saule pleureur,
des nuits sidérales!
J’aime le soleil aussi, qui fredonne qui fredonne sa cadence
au rythme des oiseaux;
tantôt ocellé et frémissant,
tantôt rieur et goélette comme une mouette ivre de vents!
J’aime l’hiver qui pleure et pleure tout le temps,
et l’été qui vient flatter ses larmes!
J’aime l’automne qui brûle qui brûle,
et le printemps qui lui survit!
J’aime tout dans la vie:
la mort aussi bien que l’oubli!
J’aime j’aime quand tu chantes tes odes,
et modules tes strophes, ma Lyre!
J’aime ce vin récréatif qui accompagne ma nostalgie!
J’aime tout comme moi-même,
autant que le Bédouin chérit l’ombre envoûtante
des palmiers d’Arabie!
J’aime le monde inassouvi,
de mystère en mystère malmené!
J’aime le passé qui n’est plus
et son ombre qui gît au pied de demain!
J’aime mes amis
et j’aime autant mes ennemis!
J’aime l’ennui qui me guide vers les fontaines qui sourient!
J’aime la margelle qui rêve et qui roussit,
et j’aime l’eau claire et murmurante,
aussi bien que la poulie!
J’aime les riches grappes mûres du dimanche,
et les vertes cerises qui promettent!
J’aime la chenille qui évolue papillon!
J’aime le beau autant que le difforme;
le « bien être » autant que le « mal être »;
la cigale autant que la fourmi;
la rose autant que la vipère qui la pique;
le fruit autant que le ver;
la « sage » autant que la « folle du logis ».
J’aime mes Frères et mes Soeurs,
qu’ils l’ignorent ou s’en indiffèrent,
qu’ils me veuillent du bien ou du mal!
J’aime la Vie comme un Ange,
– débordant débordant de soleils!
L’enfance sylvestre avec ses joyeuses folies de jadis,
la jeunesse avec ses premières illusions,
l’âge mûr et ses préoccupations,
autant que la vieillesse et ses lumières tardives!
J’aime le blé autant que la faucille,
le milan autant que le moineau,
la victime autant que le meurtrier!
J’aime tout!
J’AIME TOUT… et pourtant, mon Amour me pèse
comme une insondable Nostalgie!
Je voyage d’arbre en arbre,
de cascade en cascade,
de bois en bois,
de vallée en coteau,
– seul et solitaire, –
sans jamais reposer mes ailes!
Je visite et embrasse toute fleur,
sans jamais butiner de nectar!
Est-ce-là mon péché,
aimer les faibles autant que les forts;
le noble génie autant que l’infâme farfadet;
le gracieux lutin autant que le mesquin démon;
le brigand autant que le bienfaiteur;
le roturier autant que le sublime;
le péché autant que la miséricorde?
Le Seigneur n’a-t-il pas dit au grand comme au petit,
à l’innocent comme au coupable,
« à tout péché miséricorde » ?!
La vie ne vit-elle pas de la mort;
et la mort n’est-elle pas la vie?!
De ces deux amantes,
qui en est la « rose », qui en est le « fumier »?
Je voyage! Je fuis!
J’aime le vol! J’aime l’envol!
Mais… je n’ai pas de nid!

Amertume

Nous sommes l’un de l’autre,
– étoiles du silence! –
Je suis de toi,
– pouvoir sidéral! –
Et vous rêves! rêves!
Comme l’eau d’une fontaine,
nous sommes l’un de l’autre
– amertume! –

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Au bout de l’espoir

Ô Poésie!
Toi qui ne chantes que la vie et l’amour en l’homme,
allons retrouver l’aube,
au bout du long chemin,
retrouver l’aube au bout de la lutte!
Voici nos chants!
Voici notre sang!
Voici nos rêves, nos peines et nos diamants!

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Au clair de l’apocalypse

Dans mon rêve le plus profond
je te vis!
– Dahesh! –
Tu étais au-delà du Monde,
siégeant comme une vision de jaspe et de cornaline,
sur un Trône de diamants et d’émeraudes.
Tes Six Anges se tenaient trois à ta droite, et trois à ta gauche!
Un Séraphin de ton Armée céleste s’avança,
tenant une balance prête dans la main.
Quand tu lui fis signe,
il se pencha et cueillit le Monde,
comme un fruit mûr sur la branche du Temps;
et le posa sur un des plateaux éclatants de la balance.

Et puis il le pesa…

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C’était hier

Hier, en passant près de ma demeure,
tu es venu t’asseoir à l’ombre de mes jardins.
Tu as mangé de mes fruits;
et dans le silence de ton coeur,
tu a béni mes arbres et mes rameaux.
Depuis ce jour mémorable,
j’ai tracé de nouvelles allées
parmi l’herbe tendre et les fleurs odorées.
Et ma tristesse me tourmente
– sans cesse –,
car en mon coeur quelque chose me dit,
qu’avant longtemps,
tu ne reviendras plus mêler ton ombre
aux ombrages que tu as bénis.
Tes traces sont encore partout vivantes;
aucun pas d’ami n’est venu les effacer.
Car parmi l’herbe verte et les feuillées fleuries,
j’ai emprunté de nouveaux chemins.
Et chaque matin je me lève avec l’aube,
et nettoie la poussière des étoiles,
qui tombe les effleurer;
et je prie le Ciel que tu reviennes,
en baisant, comme elle,
ô Dahesh!
ton passage qui m’a béni.

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Cendres

Demain je serai un peu de cendres
dans la main de la nuit!
Demain je serai un chant muet
au sein d’une corolle!
Mais Ton souffle ressuscitera ma joie,
et les abeilles messagères
butineront dessus ma fleur!

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