Nocturne

Quand mon crépuscule atteindra

ses rimes nocturnes,

ô vie,

que dans une étreinte plus forte que l’Amour,

mon âme en toi s’épanouisse poèmes et oubli!

Toi qui embellis de doux ocelles la chenille,

et ranimes de tempêtes oubliées l’onde sénile;

toi qui d’un baiser embrases les soleils,

et rends douce la lune des amants;

toi qui éveilles les hymnes multicolores

que brodent les papillons;

ô douceur plus belle que l’aurore!

joie qu’aborde l’âme dès son berceau!

toi, Nymphe au regard d’étoiles!

maintenant que tout s’achève,

semble-t-il,

maintenant que l’onde,

l’onde immortelle,

va rejoindre l’onde extrême,

vie! ô vie! ouvre-moi tes bras déesses,

et chasse de mon sein le spectre

de ces moments de cendres!

Viens, flot de souvenirs,

en ta crinière cristalline,

douce et rebelle comme la Diane chasseresse,

viens bouleverser, viens fleurir,

dans les savanes de ce coeur,

les rêves que sucera sitôt la poussière!

Que ton chant aux notes veloutées,

si vermeilles, me redessine un monde de colombes,

parmi les buissons qui sombrent dans l’ombre,

et de nuages bleus,

et l’idéal,

et les songes paquebots.

Amertume

Nous sommes l’un de l’autre,
– étoiles du silence! –
Je suis de toi,
– pouvoir sidéral! –
Et vous rêves! rêves!
Comme l’eau d’une fontaine,
nous sommes l’un de l’autre
– amertume! –

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Au bout de l’espoir

Ô Poésie!
Toi qui ne chantes que la vie et l’amour en l’homme,
allons retrouver l’aube,
au bout du long chemin,
retrouver l’aube au bout de la lutte!
Voici nos chants!
Voici notre sang!
Voici nos rêves, nos peines et nos diamants!

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Au clair de l’apocalypse

Dans mon rêve le plus profond
je te vis!
– Dahesh! –
Tu étais au-delà du Monde,
siégeant comme une vision de jaspe et de cornaline,
sur un Trône de diamants et d’émeraudes.
Tes Six Anges se tenaient trois à ta droite, et trois à ta gauche!
Un Séraphin de ton Armée céleste s’avança,
tenant une balance prête dans la main.
Quand tu lui fis signe,
il se pencha et cueillit le Monde,
comme un fruit mûr sur la branche du Temps;
et le posa sur un des plateaux éclatants de la balance.

Et puis il le pesa…

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C’était hier

Hier, en passant près de ma demeure,
tu es venu t’asseoir à l’ombre de mes jardins.
Tu as mangé de mes fruits;
et dans le silence de ton coeur,
tu a béni mes arbres et mes rameaux.
Depuis ce jour mémorable,
j’ai tracé de nouvelles allées
parmi l’herbe tendre et les fleurs odorées.
Et ma tristesse me tourmente
– sans cesse –,
car en mon coeur quelque chose me dit,
qu’avant longtemps,
tu ne reviendras plus mêler ton ombre
aux ombrages que tu as bénis.
Tes traces sont encore partout vivantes;
aucun pas d’ami n’est venu les effacer.
Car parmi l’herbe verte et les feuillées fleuries,
j’ai emprunté de nouveaux chemins.
Et chaque matin je me lève avec l’aube,
et nettoie la poussière des étoiles,
qui tombe les effleurer;
et je prie le Ciel que tu reviennes,
en baisant, comme elle,
ô Dahesh!
ton passage qui m’a béni.

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Cendres

Demain je serai un peu de cendres
dans la main de la nuit!
Demain je serai un chant muet
au sein d’une corolle!
Mais Ton souffle ressuscitera ma joie,
et les abeilles messagères
butineront dessus ma fleur!

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